Alors qu'elles sont déjà très froides, les relations entre l'Algérie et la France risquent de se dégrader encore plus. Et pour cause, la nomination d'un ministre de l'Intérieur très hostile à l'Algérie par le président Macron. Il s'agit de Bruno Retailleau, qui multiplie les déclarations pour une révision des accords de 1968 entre les deux pays et qui affiche clairement sa position contre le dossier de la mémoire. Pour certains médias, le nouveau ministre veut rouvrir le dossier de l'immigration. Et pourtant, on sent chez lui, que ce dossier n'est qu'un prétexte pour saper tous les efforts de rapprochement entre l'Algérie et la France. D'ailleurs, il ne parle pas de l'immigration d'une manière générale qui inclue plusieurs pays maghrébins et subsahariens mais insiste sur la particularité algérienne en voulant toucher aux accords. Tout le monde connaît les positions de ce ministre lorsqu'il s'agit de l'Algérie. Sur la question mémorielle, il avait écrit : «Rien de bon pour la France ne sortira de l’obsession mémorielle que nourrit Emmanuel Macron sur la guerre d’Algérie», au retour du président Macron de son voyage en Algérie, en août 2022. Cette hostilité à l'égard de l'Algérie par des personnalités politiques de la droite et de l'extrême droite ne date pas d'hier. Elle est nourrie et affichée par tous les nostalgiques de «l'Algérie française» depuis bien avant l'indépendance. Seulement, aujourd'hui, avec la fragilité politique du président Macron et ses nombreuses concessions à l'extrême droite, on a plus de courage d'étaler cette hostilité au grand jour, sur tous les plateaux télés et dans tous les débats sur l'immigration. Déjà, la volte-face de Macron sur la question du Sahara occidental avait été ressentie en Algérie comme une trahison, et depuis, les relations ne sont pas au beau fixe et l'Algérie n'a toujours pas d'ambassadeur à Paris. Il fallait que ce ministre remue encore plus profondément le couteau dans la plaie des relations pour risquer de tout saborder et revenir carrément à la case de départ.