C’est une alerte grave, lancée ce lundi par Tarek Kour, Directeur général de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie «ONLCDT». Invité du Forum de la Chaîne I de la Radio algérienne, il a révélé les contours de la stratégie nationale 2025-2029, où la prévention occupe désormais «la plus grande place», avec 236 opérations programmées dans 33 secteurs. Objectif: stopper l’hémorragie qui touche de plein fouet la jeunesse algérienne. Mais au-delà des chiffres, c’est le ton qui interpelle. Pour Tarek Kour, l’Algérie est «visée par une guerre silencieuse» menée, selon ses propos, par des forces hostiles alliées à des organisations terroristes transfrontalières». Les jeunes, moteurs de l’avenir national, seraient les premières cibles de cette déstabilisation larvée. Dans ce contexte tendu, la loi relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic de stupéfiants, récemment adoptée par le Parlement, marque un tournant répressif. Des dispositions inédites sont introduites: analyses obligatoires pour les candidats aux concours de recrutement dans les secteurs publics et privés, dépistages dans les écoles et durcissement des peines- jusqu’à la peine capitale si l’usage de drogue entraîne la mort ou l’atteinte grave à la santé publique. Face à cette menace, la société civile s’organise. Lors du Forum du Courrier d’Algérie, Abdelkrim Abidat, président de l’Organisation nationale pour la sauvegarde de la jeunesse (ONSJ), a présenté le modèle du centre thérapeutique de Bouchaoui. Une structure pionnière qui a accueilli près de 8.000 personnes depuis 2019 et propose des soins sans médication, associant naturo-thérapie et mécanothérapie. Son expérience exemplaire pourrait être déployée dans les 58 wilayas, notamment à Ghardaïa. En marge, l’ancien ministre Bachir Messaitfa a chiffré à 3,6 millions le nombre de consommateurs en 2024, en dénonçant les facteurs de propagation: pauvreté, échec scolaire, crise sociale et influence numérique. Il propose, entre autres, une base de données nationale et des dispositifs de veille sociale renforcée. Une riposte nationale s’esquisse ainsi sur tous les fronts, dans l’urgence. Car comme le rappelait Abdelkrim Abidat, « nos jeunes sont réellement en danger».