L’Algérie continue de jongler entre ses besoins urgents en céréales et ses ambitions de souveraineté alimentaire. Alors que la campagne moisson-battage 2024-2025 s’annonce nettement plus abondante, avec des rendements moyens qui dépassent les 55 quintaux à l’hectare, contre 47 l’année passée, selon l’expert agricole Mustapha Bennoui sur Chaîne 3, l’Office algérien interprofessionnel des céréales «OAIC» a passé, en parallèle, une importante commande sur le marché international. Selon une annonce relayée par Reuters, l’OAIC aurait acheté 420.000 tonnes de blé tendre lors d’un appel d’offres international conclu à environ 244,5 dollars la tonne C&F. Une opération rendue possible par la baisse des prix, certains vendeurs cherchant à libérer de l’espace à l’approche des récoltes, selon l’agence. De son côté, SovEcon, cabinet spécialisé dans les marchés céréaliers, avance que l’Algérie aurait même acquis entre 550.000 et 570.000 tonnes, avec des fournisseurs attendus de Roumanie, de Bulgarie et d’Ukraine. Face au coût de ces importations, Djamel Belaid, spécialiste des questions agricoles, suggère dans un article publié sur TSA et son blog Mediapart, d’agir aussi en aval de la filière. Il plaide pour une augmentation du taux d’extraction de farine dans les moulins, de 75 % à 100 %, ce qui permettrait, selon lui, de réaliser une économie de 61 dollars par tonne de blé importée. Un levier économique qui, conjugué aux efforts de production nationale, pourrait alléger la facture céréalière du pays. Dans le Sud algérien, où les rendements atteignent déjà des pics de 86 quintaux à l’hectare, Mustapha Bennoui reste optimiste : l’amélioration des techniques culturales et l’électrification progressive des périmètres agricoles devraient encore accroître la production dans les années à venir. Il rappelle toutefois l’urgence de réviser la carte agricole nationale qui date de 1933, pour mieux adapter les stratégies à la nouvelle donne climatique et hydrique du pays. Par ailleurs, selon Reuters, l’Office national algérien des aliments de bétail (ONAB) a lancé ce jeudi un nouvel appel d’offres international pour l’achat de jusqu’à 240.000 tonnes de maïs destiné à l’alimentation animale, ont indiqué des négociants européens. Entre commandes à l’international et relance de la production locale, l’Algérie trace, tant bien que mal, son chemin vers plus d’autonomie céréalière.