Travail des enfants, l’Algérie aux aguets

Chaque 12 juin, la Journée mondiale contre le travail des enfants vient rappeler qu’à travers le monde, des millions d’enfants sont encore contraints d’abandonner bancs d’école et jeux d’enfance pour des tâches souvent ingrates et dangereuses. Mais en Algérie, ce combat semble avoir pris une tournure encourageante, au point où les autorités n’hésitent plus à parler d’un phénomène «quasi inexistant». Les chiffres avancés ces derniers jours par les instances officielles sont frappants. Le secrétaire général du ministère du Travail, Akli Berkati, a affirmé que le taux de travail des enfants dans le pays ne dépasse pas les 0,001%. Un chiffre quasi symbolique, conforté par les campagnes d’inspection menées sur le terrain. Selon l’Inspection générale du travail, 49.629 établissements ont été contrôlés durant les cinq premiers mois de 2025, contre 28.952 sur la même période en 2024. Résultat: seulement cinq cas d’enfants employés illégalement ont été recensés et immédiatement transmis à la justice, relaye El Khabar. Si le constat est rassurant, il n’est pas le fruit du hasard. L’Algérie s’est dotée d’un arsenal juridique solide, interdisant l’emploi des enfants de moins de 16 ans et adhérant aux principales conventions internationales dont celles de l’OIT et des Nations unies, relatives aux Droits de l’Enfant. «L’importance des programmes de prévention et de contrôle se mesure dans ces résultats», souligne Lyes Rahmani, sous-directeur au ministère du Travail, à l’APS. Mais au-delà des textes, c’est toute une politique nationale qui s’est structurée. Deux commissions - l’une sectorielle et l’autre permanente - veillent à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un plan d’action annuel de lutte contre ce fléau, en coordination avec les différents secteurs concernés et la société civile. Les efforts se poursuivent, notamment avec l’élaboration d’un plan national pour l’enfance 2025-2030 sous l’égide de l’Organe national pour la protection et la promotion de l’enfance (ONPPE). L’objectif: renforcer les dispositifs de prévention et accorder une attention particulière aux enfants vivant dans les zones frontalières et défavorisées. Signe des temps, la protection de l’enfance s’étend désormais au numérique. La commissaire nationale à la protection des Droits de l’Enfant, Meriem Cherfi, a ainsi annoncé, à l’APS, la mise en place prochaine d’une cellule de veille contre les risques liés aux technologies numériques. Si certains fléaux sociaux résistent au temps, celui du travail des enfants semble, en Algérie, perdre définitivement du terrain. Une avancée qu’il faudra certes consolider mais qui montre qu’avec volonté politique et vigilance sociale, des batailles peuvent être gagnées.


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