La caravane maghrébine «Soumoud» en route vers Ghaza. Briser le blocus israélien

La grande marche maghrébine vers Ghaza pour sauver sa population de la faim et de la soif s’est mise en place. Il était temps tant il n’est jamais trop tard pour bien faire, bien faire… Le blocus israélien immonde contre la bande de Ghaza dont les effets ont été dévastateurs à plus d’un titre est «le plus sévère» depuis le début des agressions génocidaires, le 7 octobre 2023 déclarait récemment l’Office des secours et des travaux pour réfugiés de la Palestine des Nations Unies. La situation est devenue si préoccupante que le monde entier n’en est pas resté insensible et s’en est même mordu les doigts, accusant certains de ses régimes leur passivité et leur laxisme devant ce qui se passe dans la bande de Ghaza. Tout en effet a été décidé pour rompre le silence radio qui entoure les acheminements des aides alimentaires vers la population meurtrie de Ghaza plus que jamais en proie à des bombardements sionistes intenses. Et le blocus israélien visant la paupérisation de la bande et l’extermination de sa population par la faim et la soif est parvenu à un point hideux de non-retour et où un silence inquiétant et complice de la communauté internationale a pourtant régné en maître concernant notamment la question des acheminements d’aides humanitaires destinée aux réfugiés suite aux bombardements de l’armée sioniste. Une question aussi fondamentale et stratégique à la fois, ne pouvait donc laisser sans réaction les autorités nationales algériennes et le représentant permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, Amar Benjamaa, qui défend à chaqu’une de ses réunions urgentes qu’il convoque le dossier épineux des aides alimentaires pour la population de Ghaza . Cette fois-ci, le tollé sioniste a été bel et bien franchi faisant des bilans aussi meurtriers qu’atroces en pertes humaines et démolition de ce qui restait de construit dans la bande. Mais les pays libres du monde menés par l’Algérie ont en décidé autrement puisqu’une délégation algérienne est partie vers la Tunisie pour rejoindre la caravane de la «Résistance maghrébine». Il s’agit certes d’un événement majeur dans la vie des pays arabes musulmans et coordonné avec des participants libyens pour dénoncer et briser le blocus israélien sur Ghaza. Ainsi, une caravane imposante composée de 900 véhicules a quitté Tunis jeudi 9 juin. Son objectif est de se rendre au point de passage pour Rafah, afin de briser le blocus imposé aux Ghazaouis. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la marche mondiale vers Ghaza, soutenue par plus de 300 ONG. L’itinéraire prévu traverse la Tunisie, la Libye et l’Égypte pour atteindre le poste frontalier de Rafah. Depuis Alger, la caravane de la Résistance maghrébine est partie en direction de la Tunisie pour rejoindre d’autres délégations, avant de traverser la Libye puis l’Égypte dans le but d’atteindre Rafah. Yahia Sari, président de l’initiative algérienne pour le soutien à la Palestine, a affirmé que cette caravane reflète la position de l’Algérie qui appelle à la levée de ce blocus et à la protection des Ghazaouis. La caravane maghrébine baptisée «Soumoud» poursuit son périple vers Ghaza avec une détermination intacte, mais l’incertitude grandit à l’approche de la frontière égyptienne. Aucun visa n’a encore été accordé, et Le Caire reste muet. Composée d’un peu plus de 1500 personnes issues de cinq pays du Maghreb – Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie, Libye, cette initiative citoyenne entend briser le silence arabe autour de la guerre à Ghaza. Universitaires, artistes, médecins, jeunes étudiants, militants des droits humains et figures associatives se sont rassemblés autour d’un objectif : porter physiquement un message de solidarité avec la population de Ghaza, assiégée et dévastée depuis 20 mois par une campagne militaire israélienne sans précédent. À bord d’une vingtaine de bus et 350 voitures décorés de drapeaux palestiniens et de slogans de soutien, la caravane a quitté Tunis dans une ferveur populaire rare. Les messages sont clairs : “Non au génocide, non au silence”, “Les peuples avec Ghaza, malgré les frontières”. En toile de fond, le lourd bilan de la guerre : près de 55 000 morts palestiniens, selon les autorités sanitaires de Ghaza, dont une majorité de femmes et d’enfants. «Quand les États se taisent, les peuples doivent parler», dit Karim, jeune médecin algérien rencontré à la frontière libyenne. Le convoi a franchi sans difficulté le poste de Ras Jedir, entre la Tunisie et la Libye, puis traversé les villes côtières jusqu’aux abords de l’Est libyen. Là, les communautés locales leur ont offert vivres, carburant et hébergement, souvent improvisés dans des écoles ou des mosquées. La solidarité populaire fonctionne, mais l’ombre du verrou égyptien plane déjà. En effet, l’Égypte n’a, à ce jour, donné aucun accord de passage. Le quotidien Asharq al-Awsat affirme que les autorités n’ont pris «aucune décision claire» quant au transit de la caravane. Selon plusieurs sources sécuritaires égyptiennes, citées anonymement, la diversité des nationalités et le caractère non institutionnel de la mission poseraient problème. Le point d’achoppement : les visas. Le gouvernement égyptien exige des visas préalables pour toute entrée par voie terrestre. Or, aucun membre de la caravane n’a encore reçu de visa à ce jour, comme l’a confirmé Wael Nawar, porte-parole du groupe : «Nous avons soumis les dossiers nécessaires, mais aucune réponse ne nous est parvenue de la part des autorités consulaires égyptiennes». Le poste frontalier de Rafah, reliant l’Égypte à la bande de Ghaza, est devenu un symbole stratégique. Fermé, rouvert, puis restreint au compte-goutte depuis le début de la guerre, il est le seul point d’accès non israélien vers Ghaza. Mais l’Égypte, prise entre ses alliances sécuritaires, sa diplomatie régionale et sa peur d’une mobilisation incontrôlable, gère ce point comme un sas étanche. La caravane, bien qu’humanitaire, ne rentre dans aucun schéma officiel. Ni ONG accréditée, ni mission diplomatique, elle incarne une contestation morale qui dérange. Et c’est bien ce caractère spontané, transnational et populaire qui semble inquiéter Le Caire. Les organisateurs sont lucides.


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