Les démons de l'obscurantisme

Une femme franco algérienne a quitté son pays natal pour venir s’installer en Algérie. Elle a fui l’islamophobie pour pouvoir vivre librement sa foi sur la terre de ses ancêtres, du moins l’a-t-elle pensé. Dans sa naïveté, elle a cru que tout allait bien se dérouler, le plus normalement du monde. Mal lui en prit. Elle a pris place dans un espace public et en tant que pratiquante assidue, a ouvert le saint Coran traduit en français et s’est mise à en psalmodier des versets. Un geste spirituel simple, modeste, sans provocation. «Ô sacrilège», s’écrièrent des voix offusquées ! Ce fut un déferlement de haine qui s’abattit sur la pauvre jeune femme. Comment a-t-elle osé lire le Coran dans une autre langue que l'arabe ? Leur ignorance crasse ne leur permettant pas de savoir que ce livre sacré est traduit dans une multitude de langues à travers le monde. Et des millions de musulmans non arabophones peuvent ainsi y accéder. Elle s’en trouva terrifiée par les réactions imbéciles d’une bande d’énergumènes, qui s’est déchaînée sur elle avec des salves d’insultes, sorties de bouches baveuses de méchanceté. Ces auto-proclamés rédempteurs de torts, et porte-étendards exclusifs de toutes les lois de la création, s’imaginent pouvoir glaner des échelons dans la hiérarchie sociale. Ils pensent en effet qu’en s’exposant à qui mieux mieux au regard de la foule, celle-ci verrait en eux des combattants du mal, et peut-être même, par comble d’aberration, des parangons de vertus. L’obscurantisme les aveugle, le fanatisme les aliène, l’intolérance inhibe leurs facultés mentales, si tant est qu’ils n’aient jamais eu une once. La foi n’a pas besoin d’être bruyante pour être vraie, elle doit seulement être vécue avec une conviction intime.


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