Algérie, le virage de l’économie circulaire

A Alger, le Salon international des équipements, des technologies et des services de l’eau (SIEE-Pollutec), tenu du 18 au 20 mai, a été le théâtre d’un débat stratégique : l’économie circulaire peut-elle sauver la transition écologique de l’Algérie ? La réponse des experts est sans équivoque : oui, mais à condition d’un sursaut politique et institutionnel. Dans une contribution publiée par El Watan, l’expert Bergheul dresse un constat sans détour : l’Algérie accuse un net retard en matière d’économie circulaire, pourtant porteuse d’emplois durables et cruciale pour la préservation des ressources. Si quelques avancées en matière de recyclage sont notables, l’absence d’un cadre juridique cohérent et d’une stratégie globale bloque une réelle mutation. Mais un tournant semble s’amorcer. L’entrée en vigueur, en février 2025, de la loi n°25-02 marque une avancée majeure. L’experte en énergie Samia Tiliouine salue cette législation qui introduit la responsabilité élargie des producteurs et hiérarchise le traitement des déchets, en mettant l’accent sur leur valorisation. Selon elle, cette réforme est porteuse d’une «dynamique d’innovation et de développement territorial». Sur le terrain industriel, Karima Farehat, représentante de Holcim El-Djazaïr, a mis en lumière des initiatives concrètes, telles que l’utilisation des vases de barrages et des boues d’épuration dans la fabrication du ciment. Ces projets pilotes, portés par la filiale Geocycle, montrent que des solutions existent. Il ne manque qu’un appui de l’État pour les généraliser. L’expert du PNUD Nassim Bella a, pour sa part, présenté l’approche "Nexus", un levier pour intégrer les enjeux climatiques dans les politiques publiques. Avec la création d’un réseau d’observation du littoral et une stratégie nationale de communication sur l’adaptation, le pays commence à structurer sa réponse au défi climatique. Reste que l’implication des jeunes, des femmes et des collectivités locales est indispensable. L’économie circulaire ne pourra devenir un pilier de la croissance verte que si elle sort du cercle restreint des experts pour mobiliser toute la société.


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