L’OPEP défie les turbulences

Dans un climat économique mondial marqué par l’incertitude, l’OPEP persiste et signe. Dans son dernier rapport mensuel, publié ce mercredi et relayé par Reuters, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole a maintenu ses prévisions de croissance de la demande mondiale pour 2025 et 2026. Elle table toujours sur une hausse de 1,3 million de barils par jour (mb/j) chaque année, portant la demande totale à 105 mb/j à l’horizon 2026. Pour 2024, une légère révision technique a été opérée, ajustant la demande attendue à 103,7 mb/j contre 103,75 mb/j précédemment. Ce choix de continuité tranche avec la volatilité récente des marchés. Début mai, l’annonce d’une hausse de production par huit membres de l’OPEP+ avait provoqué une chute des cours, suivie d’un léger rebond dû à un apaisement temporaire des tensions commerciales sino-américaines. Des soubresauts qui traduisent les tensions géopolitiques et les incertitudes économiques pesant sur le secteur énergétique. L’autre point saillant du rapport concerne l’offre hors OPEP. Là, le cartel pétrolier a revu ses attentes à la baisse: pour 2025, la croissance de la production des pays non membres est désormais estimée à 0,8 mb/j, contre 0,9 mb/j auparavant, avec une production totale prévue à 54 mb/j. Cette révision reflète les difficultés à prévoir l’évolution du marché, entre politiques énergétiques nationales changeantes, incertitudes sur la demande et perturbations logistiques globales. Dans ce contexte de haute instabilité, la posture de l’OPEP interpelle. En conservant des prévisions inchangées, l’organisation cherche visiblement à rassurer les marchés sur sa lecture de long terme, malgré les à-coups conjoncturels. Mais cette stabilité apparente ne saurait masquer les défis colossaux qui attendent l’industrie: transition énergétique, rivalités commerciales, conflits régionaux. L’OPEP marche donc sur une ligne de crête, entre volonté d’équilibre et imprévisibilité du réel. Le monde observe, les marchés oscillent mais l’organisation, elle, reste droite dans ses bottes. Pour combien de temps encore?


ads