Clôture à Béjaïa du colloque sur les crimes de la colonisation française en Afrique: un réquisitoire historique sans concession. Le colloque international sur les crimes de la colonisation française en Afrique s’est achevé à l’Université de Béjaïa sur une note grave et solennelle. Chercheurs, historiens et intellectuels, venus de divers pays africains et d’Occident, y ont dressé un réquisitoire sévère contre les violences perpétrées par la France coloniale dont les séquelles continuent de marquer les sociétés africaines. Tous ont souligné le caractère systémique des violences exercées pour maintenir l’ordre colonial, dénonçant un mode opératoire uniforme à travers le continent, visant à «étouffer dans l’œuf toute velléité de contestation». L’historien camerounais, Ferdinand Martial Nana, a ainsi rappelé «qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France, affaiblie mais soucieuse de préserver ses intérêts, a opté pour une stratégie de répression brutale». Selon lui, «l’administration coloniale a anticipé les risques de révolte, en imposant la violence comme mode de gouvernement», une stratégie qui, paradoxalement, a nourri la radicalisation des mouvements nationalistes, comme au Cameroun où la lutte armée éclata dès 1955. Les travaux du colloque ont permis de mettre en lumière des épisodes similaires dans d’autres anciennes colonies. À Madagascar, les massacres de 1947 restent l’un des symboles les plus marquants de la répression coloniale. Présente à Béjaïa, la cinéaste malgache Marie Ranjamara a projeté un documentaire poignant retraçant ces événements, illustrant l’ampleur des expropriations, la déstructuration des économies locales et la brutalité des répressions. L’Algérie et le Sénégal ont également été au cœur des discussions. Les historiens algériens Mahmoud Meddour et Zidine Kacimi ont présenté des archives militaires inédites, attestant de la préméditation, de l’organisation méthodique et de l’ampleur des violences commises, bien au-delà des simples «bavures». Dans une intervention remarquée, l’historien américain, Benjamin Claude Brower, s’est déclaré «consterné» par l’absence de tout procès international visant à juger les crimes coloniaux, à l’image du tribunal de Nuremberg. «Il est inconcevable que de tels actes restent impunis», a-t-il martelé. En mettant en lumière les mémoires encore vives de la colonisation, ce colloque a constitué une occasion de réitérer l’appel des historiens et chercheurs en faveur de la reconnaissance des responsabilités et de la justice historique concernant les crimes commis par la France sur le continent africain.
Colloque de Béjaïa sur les crimes coloniaux en Afrique : Un réquisitoire sans concession contre la France
- par Hocine Smaali
- Le 13 Mai 2025
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