Pétrole, trêve et incertitudes

Les prix du pétrole ont brièvement rebondi en début de semaine, portés par la suspension temporaire des droits de douane entre les États-Unis et la Chine. Washington et Pékin ont annoncé un allègement mutuel de leurs surtaxes pour une durée de 90 jours, ramenant les droits à 30% pour les produits chinois et 10% pour les produits américains. Cette trêve, annoncée à Genève par Jamieson Greer, représentant américain au Commerce, et le secrétaire au Trésor Scott Bessent, a été perçue comme un signal positif pour la demande mondiale d’or noir. Lundi matin, les marchés ont réagi avec prudence. Vers 09h25 GMT, le baril de Brent progressait de 3% à 65,83 dollars, tandis que le WTI gagnait 3,23% à 62,99 dollars, selon les données rapportées par AWP/AFP. Jorge Leon du Rystad qualifié l'effet de cette trêve de «significatif», bien que tempéré par son caractère transitoire. Daniela Sabin Hathorn du média «Capital», a rappelé que l’absence d’un accord formel maintenait l’incertitude sur les marchés. Cette embellie reste fragile dans un contexte globalement baissier. Depuis le début de l’année 2025, les cours du Brent et du WTI ont respectivement chuté de 15,1% et 15,7%, atteignant des niveaux inédits depuis février 2021. En cause : des tensions géopolitiques persistantes, un ralentissement économique mondial et une offre excédentaire. Ricardo Evangelista d’Activtrade souligne que «les marchés commencent à évaluer les retombées des politiques commerciales américaines et l’escalade du conflit avec la Chine», ce qui affaiblit la demande. UBS confirme que la baisse conjointe du pétrole et des marchés actions indique une faiblesse structurelle de la demande. Naeem Aslam de Zaye Capital renchérit : «La contraction de 0,3% du PIB américain au premier trimestre alimente les craintes de récession». Du côté de l’offre, l’OPEP+ a annoncé une augmentation de 411.000 barils par jour en juin. Stephen Innes du Spi AMdénonce le manque de discipline de certains membres comme l’Irak et le Kazakhstan, obligeant l’Arabie saoudite à réagir. UBS y voit un avertissement adressé aux membres les plus indisciplinés. Face à ces éléments, les grandes banques ajustent leurs prévisions à la baisse. Goldman Sachs prévoit un Brent à 60 dollars en 2025, puis à 56 dollars en 2026. En cas de levée totale des coupes de l’OPEP+, les cours pourraient descendre jusqu’à 40 dollars le baril. En somme, malgré un léger répit, la pression reste forte. Le marché reste volatil, la demande incertaine, et les ambitions de l’administration Trump – un baril à 50 dollars – viennent accentuer cette instabilité. Un éventuel rapprochement entre la Chine et les États-Unis pourrait redonner un peu de souffle au marché, comme l’espère Ricardo Evangelista.


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