Gaza affamée, le monde en silence

La bande de Gaza est aujourd’hui le théâtre d’une crise humanitaire d’une intensité rare, frappée par une famine de grande ampleur provoquée par un blocus total imposé par Israël depuis le 2 mars. Près de 345.000 personnes sont exposées à une faim «catastrophique», selon les estimations des agences onusiennes et des ONG, tandis que les décès dus à la malnutrition et au manque de soins, notamment parmi les nourrissons, se multiplient. Le décès tragique de Jenan al-Skafi, un bébé de quatre mois, mort de malnutrition à l’hôpital Al-Rantisi, incarne cette urgence humanitaire absolue. Le Premier ministre palestinien, Mohammad Mustafa, dénonce un «crime humanitaire délibéré», accusant Israël d’utiliser la nourriture et l’eau comme des «armes de guerre». Il appelle la communauté internationale à briser le silence et à intervenir pour faire cesser ce qu’il qualifie d’attaque systématique contre les civils. Face à l’effondrement des approvisionnements, les prix des denrées alimentaires ont explosé de plus de 500%, rendant l’accès à la nourriture quasiment impossible pour les groupes les plus vulnérables: enfants, femmes enceintes, personnes âgées et malades. Israël, de son côté, continue de justifier le blocus en accusant le Hamas de détourner l’aide humanitaire et nie l’existence d’une crise humanitaire majeure. Pourtant, les points de passage restent hermétiquement fermés, et l’entrée de l’aide, interdite. Dans ce contexte de désespoir, les États-Unis ont annoncé, par la voix de leur ambassadeur en Israël, Mike Huckabee, la mise en place imminente d’un nouveau système de distribution d’aide humanitaire. Soutenue par plusieurs gouvernements, ONG et organisations caritatives, cette initiative vise à garantir un accès rapide, sécurisé et contrôlé à la population gazaouie, tout en veillant à empêcher que le Hamas ne s’en empare. Israël assurera la sécurité des livraisons, mais ne contrôlera pas directement le système, censé rester indépendant. Cependant, cette nouvelle approche, destinée à remplacer le mécanisme onusien, suscite une vive inquiétude. L’ONU s’oppose fermement à toute distribution placée sous la supervision d’Israël, dénonçant une atteinte aux principes fondamentaux d’humanité, d’impartialité et de neutralité. «Il est très difficile d’imaginer toute opération humanitaire sans l’UNRWA», a déclaré Juliette Touma, porte-parole de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. Pendant ce temps, les négociations en vue d’un cessez-le-feu restent au point mort. Le Hamas a qualifié de «dénuées de sens» les discussions après l’annonce, le 5 mai, par Israël d’un plan de conquête de Gaza incluant le déplacement massif de la population. Malgré la reprise de pourparlers à Doha, sous médiation égyptienne et qatarie, aucune avancée concrète n’a été signalée, selon des sources proches du mouvement. Gaza s’enfonce dans le chaos, privée d’aide, de perspectives et d’espoir.


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