À chaque étape marquante de son histoire contemporaine, l’Algérie se retrouve confrontée à des tensions identitaires et idéologiques. Si le pays affiche une volonté de modernisation, ces dynamiques suscitent, à intervalles réguliers, des controverses dans l’espace public. «À chaque fois que l’Algérie emprunte une voie de modernité et de changement, des voix discordantes s’élèvent pour tenter d’en brouiller le chemin», déplore une source proche des milieux culturels, pointant du doigt des débats récurrents autour de la religion et de l’identité nationale. Ces éléments, pourtant consacrés par la Constitution algérienne, seraient, selon certains observateurs, «instrumentalisés pour semer la discorde aux moments cruciaux de son histoire». Des voix s’élèvent également contre ce qu’elles perçoivent comme des menaces extérieures. «La ligne politique inébranlable de l’Algérie, ainsi que sa doctrine souveraine, dérangent certaines puissances et des plus petits États», estiment des analystes qui pointent du doigt «l’ingérence étrangère qui prend la forme de campagnes menées par des mercenaires grassement rémunérés», dans le but de porter atteinte à la stabilité du pays. Le débat identitaire n’épargne pas non plus les intellectuels algériens d’expression française accusés d’«aliénation culturelle» portées à leur encontre, et pourtant pour nombre d'entre eux, la langue française ne serait pas un signe de soumission mais un héritage historique détourné. «Ils n’ont pas adopté la langue française par admiration ou attachement à la France, mais par nécessité historique et politique», rappellent plusieurs chercheurs rappelant l’écrivain Kateb Yacine qui qualifiait d’ailleurs l’utilisation de la langue française comme «butin de guerre». Une formule célèbre devenue emblématique d’un rapport complexe à la langue de l’ex-colonisateur, une appropriation, expliquent les spécialistes, qui a permis à une génération d’auteurs, parmi lesquels Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni, Lachref, Mohamed Dib ou Tahar Djaout, de porter la voix de l’Algérie. «Peut-on être plus nationalistes que ces écrivains qui ont porté, avec une force inégalée, la voix de l’Algérie profonde ?», s’interroge un universitaire. Le penseur Mohammed Arkoun, figure majeure de la réflexion islamique moderne, a lui aussi défendu et développé une approche visant à expliquer l’islam au non musulman et arabe par une langue emprunté. Dans ce paysage identitaire pluriel, la dimension amazighe occupe une place centrale. Consacrée comme pilier constitutionnel, l’Amazighité est perçue par nombre d’acteurs culturels comme «une composante authentique et constante de l’identité algérienne». Elle s’ajoute à l’islam et à l’arabité, formant un triptyque identitaire. Pour certains acteurs de la société civile, «il est essentiel de promouvoir le dialogue et le rapprochement interculturel, afin de mieux connaître l’autre et de percevoir les différences non comme des menaces, mais comme une richesse». Au-delà des débats, le parcours linguistique, culturel et identitaire de l’Algérie est régulièrement cité comme un exemple de résilience et «que cette pluralité assumée, fruit de luttes, de mémoire et de savoirs, devient aujourd’hui le socle d’une nation apaisée, ouverte sur le monde, enracinée dans son histoire et fière de ses voix multiples», conclut les universitaires que nous avons interrogé. Aujourd’hui, c’est la voix de l’Algérie qui s’élève dans le concert des nations qui dérange de par la constance de ses positions en faveur de l’émancipation des peuples opprimés. Une posture qui irrite certaines puissances, relayées par des acteurs comme le Makhzen ou un petit État du Golfe. La situation au Mali, au Soudan ou encore en Libye s’est dramatiquement détériorée, en grande partie à cause d’ingérences extérieures. Ces interventions, souvent menées par des groupes instrumentalisés ou par des mercenaires grassement rémunérés, visent à imposer une hégémonie au mépris de la souveraineté des peuples. «Mais l’Algérie ne se laissera pas ébranler par ces pseudo-influenceurs tapis dans l’ombre, ni par ces campagnes de déstabilisation soigneusement orchestrées », affirment nos interlocuteurs, qui soulignent que le pays «puise sa force dans sa Révolution, devenue un modèle pour les peuples en quête de dignité et de liberté». L’autonomie de décision que l’Algérie défend avec constance dérange certains cercles influents, dont les nostalgiques d’une "Algérie française" tapis dans l’ombre de l’extrême droite raciste française. À cette hostilité rampante s’ajoute la posture ambiguë de Bruno Retailleau, dont les déclarations provocatrices ravivent les blessures d’un passé colonial que l’Algérie s’efforce de dépasser. «Ce n’est pas seulement l’Algérie d’hier que ces hommes regrettent, c’est leur emprise perdue », observent unanimement les historiens avertis, qui voient dans cette attitude une tentative déguisée de réactiver des schémas d’influence révolus. Benjamin Stora résume cet état de fait en affirmant : «Quand on écoute un ministre de l’Intérieur français parler de l’Algérie, cela renvoie dans l’imaginaire algérien à un passé colonial encore proche. Car l’Algérie, jusqu’à son indépendance, n’était pas rattachée au ministère des Colonies, mais relevait du ministère de l’Intérieur. Comme le disait François Mitterrand, "l’Algérie, c’était la France". Cette continuité institutionnelle laisse planer l’idée que la France n’a pas encore totalement intégré l’Algérie comme un État pleinement souverain et distinct». Fidèle à son histoire, l’Algérie poursuit résolument sa marche sur la voie de la sagesse, de la souveraineté et de la modernité, en s’appuyant sur une identité plurielle, assumée, et résolument tournée vers un avenir apaisé et ouvert.
L'Algérie affiche une volonté farouche de modernisation. Les pseudo-influenceurs de la discorde
- par Hocine Smaali
- Le 06 Mai 2025
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