Mercredi, après plus de trois ans de négociations, les pays membres de l'Organisation mondiale de la santé «OMS» ont approuvé un accord historique, visant à renforcer la préparation et la réponse face aux futures pandémies. Ce texte, fruit d'une dernière session de négociation de 30 heures, devra être formellement adopté lors de l’Assemblée mondiale de la santé, en mai. Le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué un moment historique, soulignant l’importance de la solidarité et de la coopération mondiale. Malgré l'absence des États-Unis qui avaient quitté l'OMS, sous la présidence de Donald Trump, les pays ont prouvé que le multilatéralisme reste actif, dans un contexte de tensions sur le financement de la santé mondiale. L’élaboration de l’Accord sur les pandémies a nécessité 13 cycles de négociations intenses. Le texte final propose une approche «Une seule santé», visant à prévenir les pandémies, renforcer les systèmes de santé, améliorer la coordination financière et logistique mondiale, et faciliter l’accès aux technologies et agents pathogènes. Bien que le texte affirme la souveraineté des États et ne donne pas à l’OMS le pouvoir d’imposer des mesures contraignantes comme les confinements, il reste controversé. Plusieurs pays, notamment en Afrique, ainsi que la Russie, l’Iran et le Brésil, craignent une centralisation excessive du pouvoir au sein de l’OMS. Des désaccords persistent: les pays du Sud demandent un accès équitable aux ressources, tandis que les pays riches hésitent à partager brevets et données. La ratification du texte, prévue en mai, reste incertaine et nécessite l’approbation des deux tiers des 194 États membres. Mais la grande nouveauté dans cet accord réside dans le transfert de la technologie pour la production de produits de santé. Les négociations du 15 avril ont progressé lentement après une pause de trois jours, principalement en raison de désaccords sur le transfert de technologies pour la production de produits de santé, un enjeu crucial pour les pays en développement. Ces derniers dénoncent, depuis la pandémie de COVID-19, l’accaparement des vaccins et tests par les pays riches. En face, les pays dotés d’une puissante industrie pharmaceutique refusent toute obligation de transfert, préférant un mécanisme basé sur le volontariat. Un compromis a finalement été trouvé : le transfert de technologies se fera sur la base d’un accord mutuel. Considéré comme une des pièces centrales du texte, ce dernier prévoit par ailleurs la création d'un «Système d'accès aux agents pathogènes et de partage des avantages» (PABS en anglais), à savoir les produits de santé découlant de leur utilisation, comme des vaccins ou des tests par exemple. Le texte vise aussi à élargir l'accès à ces produits en établissant un réseau mondial de chaîne d'approvisionnement et de logistique, relaye l’AFP.