Le marché du gaz sous pression!

L’Europe traverse une phase de fortes tensions sur le marché du gaz, marquée par des stocks historiquement bas, une demande croissante et une géopolitique incertaine. Au 5 février 2025, les réserves gazières de l’Union européenne étaient remplies à seulement 51 %, contre 68 % un an plus tôt (AGSI). Cette baisse est due à la fin du transit du gaz russe via l’Ukraine, à un hiver rigoureux fin 2024, et à une faible production éolienne, poussant les pays européens à puiser dans leurs stocks et à importer davantage de GNL. Face à cette pression, les prix sur les marchés flambent. Le contrat TTF a dépassé les 55 €/MWh, atteignant son plus haut niveau depuis octobre 2023. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) souligne que pour remplir les stocks à 90 % d’ici novembre 2025, les États devront acheter massivement dès l’été, accentuant la hausse des prix. Parallèlement, l’Union européenne cherche à réduire ses objectifs de remplissage de stockage pour alléger les coûts. Selon POLITICO, des pays comme la France, l’Allemagne ou l’Italie préconisent de baisser la cible de 90 % à 80 % dans certaines situations, dénonçant un achat forcé de gaz trop onéreux, notamment en provenance des États-Unis. Le ministre lituanien de l’Énergie, Žygimantas Vai?i?nas, soutient qu’«une plus grande flexibilité» serait préférable en cette période de turbulences. La pression américaine s’intensifie, notamment avec l’exigence de Trump que l’Europe dépense 350 milliards de dollars pour du gaz américain, un volume jugé irréaliste par les experts européens. Anna-Kaisa Itkonen, porte-parole de la Commission européenne, rappelle que «les contrats énergétiques sont conclus sur la base de la demande et du prix», rendant toute promesse de volume d’achat arbitraire et peu crédible. Sur le plan géopolitique, un rapport de Wood Mackenzie explore plusieurs scénarios liés à une éventuelle paix entre la Russie et l’Ukraine. Dans un scénario de paix durable, la levée des sanctions permettrait un retour massif du gaz russe, faisant baisser les prix du TTF et mettant en péril des investissements américains dans le GNL. À l'inverse, si le conflit se prolonge, la dépendance de l’UE envers les États-Unis et le Qatar se renforcerait. L’analyste Massimo Di-Odoardo estime que «tous les scénarios restent plausibles», mais qu’une paix partielle avec des approches divergentes entre les grandes puissances est la plus probable.


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