En Algérie, de nombreuses personnes ont recours à des guérisseurs spirituels, tels que les taleb ou raqui, notamment lorsque la médecine moderne est inaccessible ou insuffisante. Pratiques comme la roqya, l’exorcisme ou la magie sont utilisées pour soigner des maux attribués aux djinns, à la sorcellerie ou au mauvais œil et souvent contre la malchance. Certains aussi font de la sorcellerie une vengeance, une violence contre l’autre ou tout simplement pour nuire. Ces rituels s’enracinent en réalité dans des traditions ancestrales partagées au-delà des appartenances religieuses. En effet, la première alerte a été lancée le 20 mai 2016, lorsque le gouvernement a interdit la pratique de la roqia dans les mosquées et écoles coraniques, dans le cadre de la lutte contre le radicalisme sans pour autant parler de cette pratique dans la société et de son commerce. Dans son chapitre intitulé «La roqya comme pratique thérapeutique 'islamique' et 'moderne' en Algérie », publié en 2019 dans l'ouvrage collectif L'Algérie au présent: entre résistances et changements, Fatima Zohra Cherak analyse la roqya, un rituel d'exorcisme islamique, en tant que forme de thérapie contemporaine en Algérie. Elle explore comment cette pratique, bien que traditionnelle, est perçue et adoptée dans le contexte moderne algérien, notamment en réponse aux insuffisances du système de santé formel. Cherak met en lumière la manière dont la roqya s'inscrit dans les parcours de soins des individus, combinant des éléments religieux et thérapeutiques pour traiter des maux considérés comme d'origine surnaturelle. Il y a d’autres ouvrages sur le sujet et aussi sur la magie, ce qui confirme que ce phénomène est plus qu’inquiétant. Face à la montée inquiétante des pratiques de sorcellerie et de charlatanisme, l’Algérie adopte la loi n° 24-06 du 28 avril 2024, renforçant les sanctions prévues par le Code pénal. Désormais, toute personne impliquée dans ces pratiques risque jusqu’à 10 ans de prison et un million de dinars d’amende en cas de préjudices graves. La loi prévoit aussi la confiscation des biens utilisés, la fermeture des lieux concernés et le blocage des sites internet faisant leur promotion. L’article 303 bis 42 du Code pénal stipule que ces infractions sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison et d’une amende pouvant atteindre 300.000 dinars. Toutefois, si ces pratiques causent un préjudice physique ou moral à une personne, la sanction peut être portée à sept ans d’emprisonnement et une amende de 700.000 dinars. Les infractions liées à la sorcellerie reposent souvent sur des éléments immatériels difficiles à prouver scientifiquement, les aveux et témoignages étant souvent les seules preuves disponibles, sans établir de lien direct entre l'acte et ses conséquences. Ces pratiques s'accompagnent fréquemment d'autres délits tels que l'escroquerie, la fraude ou les agressions sexuelles, voire le meurtre. Une réponse législative adaptée, complétée par des actions sociales, culturelles et religieuses, est essentielle pour lutter efficacement contre ce phénomène.