Le procès en appel de Marine Le Pen en 2026. Le Front national entre scandale et manipulation

Après la condamnation de Marine Le Pen, le président français, Emmanuel Macron, a réaffirmé son soutien indéfectible aux juges et à l’indépendance de la justice. Une enquête est ouverte pour mettre hors d'état de nuire les auteurs des menaces contre les magistrats après la sentence prononcée contre la première responsable du RN, accusée de détourner 400.000 Euros de fonds publics, de 40 emplois fictifs et enfin utiliser l'argent public de l'Europe pour rémunérer des permanents de son parti politique. Selon le procureur de Paris, «il fallait que les magistrats puissent siéger en toute sérénité et que la justice ne soit pas prise en otage par l’actualité politique». Le ministre de l'Intérieur français, Bruno Retailleau, était catégorique et vient de remettre les pendules à l'heure, concernant l'affaire de la condamnation de Marine Le Pen, lors de son intervention, jeudi, sur une chaîne de télévision française à forte audience. Après l’annonce de la condamnation de Marine Le Pen en première instance, lundi dernier, les critiques acerbes pleuvent sur l’institution judiciaire par la concernée qui refuse de se soumettre à la décision juridique et par son parti et enfin par l'opinion française et les militants de sa formation politique. Même les magistrats ont été sévèrement critiqués. Pour l'heure, 05 suspects viennent d'être identifiés par le procureur de Paris pour menaces contre les procureurs. Marie-Suzanne Le Quéau, procureure générale près de la Cour d’appel de Paris, est sortie de son silence, ce dernier mercredi 2 avril, pour clarifier certains points de cette affaire qui a surpris l'opinion française en particulier et l'opinion internationale en général. Comme celui de la date choisie pour le procès en appel de la cheffe de file du Rassemblement national dans l’affaire des assistants parlementaires du FN. Une affaire où, rappelons-le, Marine Le Pen a été condamnée pour détournement de fonds publics à cinq ans d’inéligibilité immédiate, quatre ans d’emprisonnement (dont deux ans de prison ferme aménagés sous bracelet électronique) et à une amende de 100.000 euros. Dans un entretien à l’AFP, elle évoque donc, sans détour, le choix de cette date, anticipée de longue date par la Cour d’appel de Paris, compte tenu du caractère singulier de ce dossier. Et avant tout chose, Marie-Suzanne Le Quéau a souhaité réagir aux propos du conseil de Marine Le Pen, qui évoquait un «désaveu» du premier jugement, en fixant l’appel en 2026. Sa réponse : «Il ne s’agit pas d’avoir un quelconque désaveu, puisque le propre de l’appel qui est un droit, c’est de recommencer à zéro l’examen de l’affaire», balaye-t-elle d’entrée de jeu. Évoquant un processus «complexe qui nécessite beaucoup d’anticipation et d’organisation», elle confirme que «tout le monde savait» qu’«il y aurait un appel». «Soit c’était une relaxe et le ministère public qui avait soutenu l’accusation, aurait interjeté appel, soit c’était une condamnation et les prévenus qui contestent leur culpabilité, interjetaient appel», résume-t-elle. «À la cour d’appel, dès l’instant où on a su que ce procès se préparait en première instance, on s’est dit qu’il viendrait à la Cour. Il y a déjà bien plusieurs mois que nous regardons le calendrier 2026, en nous disant: à quel moment, on pourra fixer cette affaire?». Alors pourquoi au premier semestre 2026? «Je ne veux pas que ce soit un enjeu de la campagne présidentielle à venir. Je veux que les magistrats qui seront appelés à rendre leur décision dans cette affaire, puissent le faire avec la sérénité nécessaire au terme d’un débat contradictoire et je ne veux pas que, dans le cadre de la campagne présidentielle qui s’annonce et qui va donc s’intensifier, l’institution judiciaire soit en permanence critiquée, vilipendée, interrogée», affirme-t-elle. Avec cette date, «là au moins, dans le champ judiciaire, les choses sont claires, il y aura un arrêt au cours de l’été 2026». Dans cet autre entretien, Marie-Suzanne Le Quéau s’est par ailleurs émue du sort de la magistrate ayant présidé le procès du RN, désormais sous protection policière après les nombreuses menaces reçues depuis le jugement de lundi. «Ces menaces sont absolument inacceptables dans une démocratie. Ce sujet devient une véritable préoccupation», s’indigne-t-elle, tout en précisant que cette magistrate est loin d’être la seule. «Après leurs réquisitions, les deux magistrats du Parquet de Paris, ayant soutenu l’accusation au procès du RN, ont également fait l’objet de menaces par le biais des réseaux sociaux».


ads