L’Algérie mise sur la réutilisation des eaux usées épurées pour faire face au stress hydrique causé par le changement climatique. Salah Lahlah, de l’Office national d’assainissement, avait annoncé, en novembre, 16 stations d’épuration tertiaire dont 6 proches du Barrage vert, qui permettent une irrigation agricole sans restrictions. Ce programme vise notamment à soutenir des «fermes pilotes» et à contribuer à la réhabilitation du Barrage vert. Face au déficit pluviométrique, cette solution alternative est stratégique pour pallier la raréfaction de l’eau. En effet, cette semaine, le ministre de l'Hydraulique, Taha Derbal, a annoncé que les systèmes d'assainissement en Algérie traitaient actuellement environ 600 millions de m³ d'eaux usées par an, un chiffre qui augmentera avec la mise en service de nouveaux systèmes. Lors d'un colloque sur le Service public d’assainissement, il a souligné que son ministère mettait en place un programme national visant à améliorer ce secteur, notamment en réutilisant les eaux traitées dans l'agriculture et l'industrie. Il a également précisé que l'Algérie, avec un taux de raccordement de 93 % aux réseaux d'assainissement, était devenue l'un des leaders mondiaux dans ce domaine, avec une capacité de traitement théorique dépassant un milliard de m³ par an. Salah Lahlah, de l’Office national d’assainissement, avait déploré que sur une capacité de traitement nationale de 1,1 milliard de m³, seuls 560 millions de m³ sont épurés, dont seulement 97 millions de m³ sont réutilisés, principalement dans les steppes. Ce faible taux est attribué au retard dans l’installation de systèmes d’épuration tertiaire, auparavant inexistants, les stations étant conçues uniquement pour la protection environnementale. Une convention entre plusieurs institutions vise à consacrer 60 % des eaux traitées aux cultures stratégiques dans 170 fermes pilotes et à porter les terres irrigables à un million d’hectares. Ce programme ambitieux inclut une enveloppe financière importante pour améliorer les infrastructures et atteindre l’objectif fixé par le président de réutiliser 60 % des eaux épurées. Il soulignait que ce changement est urgent en raison du stress hydrique lié au changement climatique, mais déplore le manque d’enthousiasme des agriculteurs pour adopter cette pratique malgré son importance stratégique. Lors de la célébration du 50e anniversaire de l'Union nationale des paysans algériens, le président Abdelmadjid Tebboune a exhorté les ministères concernés à intensifier les efforts pour récupérer entre 30 et 40 % des eaux traitées par les stations d'épuration «STEP». Cette mesure vise à irriguer une nouvelle superficie d'un million d'hectares d'ici 2027, en exploitant ces ressources pour l'agriculture.