Depuis la crise énergétique, survenue il y a deux ans, l’Europe surveille de près les fluctuations des prix du gaz naturel, marqués récemment par une hausse notable. Selon L'Usine Nouvelle, les prix à trois mois ont augmenté de 32 €/MWh début 2023 à un pic de 49 €/MWh en janvier 2025. Bien que la Commission européenne ait rassuré sur la sécurité de l'approvisionnement en gaz, les stocks de l'UE contiennent 16% de gaz en moins par rapport au début de l'année 2023, seul le Portugal a un volume de stockage de gaz supérieur à 100%. Cependant, Anne-Sophie Corbeau, experte au Center on Global Energy Policy de Columbia, relativise cette situation, évoquant une normalité par rapport aux années 2017-2021, malgré les hivers récents exceptionnellement doux. D’après Armelle Lecarpentier de Cedigaz, les préoccupations majeures concernent l’hiver prochain, les stocks européens ayant été sollicités à des niveaux record depuis novembre 2024 en raison de températures basses et d’une faible production éolienne. La demande gazière a ainsi bondi de 9% au dernier trimestre 2024 par rapport à l’année précédente. L’hiver 2024-2025 a vu une forte utilisation des stocks européens en raison du froid, d’une faible production éolienne et d’une hausse de la demande gazière (+9 % en fin 2024), explique Armelle Lecarpentier. Le marché du GNL reste tendu avec une concurrence accrue de l’Asie, bien que les livraisons américaines aient augmenté grâce à de nouvelles installations. L’arrêt du transit de gaz russe via l’Ukraine a réduit les approvisionnements, mais l’Europe continue d’importer du gaz via d’autres routes notamment du GNL russe. L’Union européenne prépare un 16? paquet de sanctions contre la Russie, incluant un embargo progressif sur le GNL et l’aluminium, ainsi que des restrictions sur la flotte fantôme russe et des exportations sensibles. Bien que les importations de pétrole russe aient chuté, celles de GNL ont augmenté, rendant la mesure plus complexe pour des pays dépendants comme la Hongrie et la Slovaquie. Les experts prévoient des défis pour reconstituer les stocks en 2025, bien que le marché du GNL pourrait s’assouplir à partir de 2027. L’Europe devra reconstituer massivement ses stocks de gaz malgré la perte des approvisionnements via l’Ukraine, ce qui explique la hausse des prix, analyse Armelle Lecarpentier de Cedigaz. En 2024, le prix moyen était de 34 €/MWh, mais pour 2025, il devrait osciller entre 39 et 47 €/MWh, influencé par des incertitudes géopolitiques et une forte volatilité du marché. Malgré ces défis, une explosion des prix comparable à 2022 semble peu probable. Grâce aux approvisionnements norvégiens et américains, les cours devraient rester en dessous de 50 €/MWh. L’UE symbolise cette stabilisation en prévoyant de supprimer fin janvier 2025 le mécanisme de plafonnement des prix du gaz, qui n’a jamais été déclenché depuis sa mise en place en février 2023.