Cinq ans après le premier décès du Covid-19, l’OMS demande à la Chine plus de données sur l’origine du virus. Deux hypothèses dominent: une transmission naturelle via des animaux au marché de Wuhan, soutenue par la majorité des scientifiques, et une fuite accidentelle de laboratoire, moins partagée mais crédible. Les recherches sont freinées par des tensions politiques. Identifier l’origine pourrait prévenir d’autres pandémies en renforçant les contrôles. Le pangolin, d’abord suspecté, a été innocenté. Le monde est mieux préparé qu’en 2020, mais des faiblesses persistent, selon le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Des leçons ont été tirées et des mesures prises, mais les vulnérabilités restent. Maria Van Kerkhove, épidémiologiste de l’OMS, reconnaît des améliorations depuis la grippe H1N1 et le Covid, mais estime que le monde n’est pas encore prêt pour une nouvelle pandémie majeure. Le groupe d’experts indépendants pour la préparation et la réponse aux pandémies, créé par l’OMS, le dit tout net: «En 2025, le monde n’est pas prêt à combattre une nouvelle menace pandémique», en raison des inégalités qui persistent en matière d'accès aux financements et aux outils de lutte contre les pandémies tels que les vaccins. La virologue néerlandaise, Marion Koopmans, a expliqué à l’AFP que le succès et la rapidité de production des vaccins, fondés sur la technique de l’ARN messager (ARNm), pouvaient «changer la donne», lors de la prochaine crise sanitaire mondiale. Maria Van Kerkhove s'inquiète que la désinformation complique l'utilisation des outils disponibles contre une future menace. Tom Peacock, virologue à l’Imperial Collège, alerte sur le risque de pandémie de grippe aviaire H5N1 qui ne se transmet pas encore entre humains mais circule largement chez les animaux. «Je ne pense pas que nous soyons davantage préparés que nous ne l’étions avec le Covid», renchérit auprès de l’AFP, Meg Schaeffer, épidémiologiste à l’institut américain SAS. Elle estime qu’il faudrait encore quatre à cinq ans aux autorités de santé publique pour détecter et partager des informations plus rapidement. Mais elle a «confiance» dans les leçons apprises par la population durant le Covid-19 pour se protéger telles que la distanciation sociale et le port du masque. La notion d’«urgence due à une pandémie» est devenue le plus haut niveau d’alerte mondiale pour une meilleure réaction internationale. Un traité sur la prévention des pandémies est en cours de négociation, avec des questions clés sur le partage des données et des ressources. Le consensus est attendu d’ici mai 2025.