Jamais les relations entre Alger et Paris n'ont été aussi aiguës et excentrées du moins depuis le mandat de l'ex-président Sarkozy, connu lui aussi pour ses affinités avec le régime d’El Makhzen. Il a suffi qu’une banale affaire d’un influenceur algérien de Montpellier, renvoyé en France, pour que la France de Retailleau, son désormais controversant ministre de l’Intérieur, s’en prétexte et en fasse toute une histoire, au moment où la nouvelle n’aurait suscité aucun commentaire officiel au sein de l’Elysée. L’affaire du ressortissant algérien se serait passée comme une aiguille en mer si ce n’était l’intrusion de ce ministre « allégeant implicite » à l’extrême droite française.
C’est une certitude de dire que les rapports franco-algériens ont été souvent, pendant une période, tendus, avant de se raffermir sauf aujourd’hui le malentendu et le fossé politique entre les deux pays semblent durer dans le temps. Une crise diplomatique sans précédent règne entre les deux parties. Après l’«escalade» du ministre de l’Intérieur et ses propos provocateurs et mensongers sur l’Algérie, les réactions de la classe française n’ont pas tari de mettre en lumière et de confondre celui qui a tenté de provoquer l’Algérie par sa paraphrase : « L’Algérie cherche-t-elle à humilier la France ? » Cette déclaration a suscité une vive apathie et un ahurissement chez les Français divisés qu’ils soient, aujourd’hui et plus que jamais, sur les motivations et les visées de leur ministre de l’Intérieur, au moment où le président Macron, pourtant garant de la République, n’a soufflé mot et s’est retenu de faire une déclaration. Et comme ce ministre de l’Intérieur est vite rattrapé par ses siens , le parti politique français « La France Insoumise-Nouvelle Union Populaire» Écologique et Sociale (LFI-NUPES), dirigé par Jean-Luc Mélenchon, vient de lui porter un couteau dans le dos et d’appeler, contrairement à Retaileau, à apaiser le climat et préserver les liens entre l’Algérie et la France. En effet, dans un communiqué ce lundi 13 janvier, exprimant son inquiétude face à cette crise, le LFI a vivement critiqué la politique étrangère de la France vis-à-vis de l’Algérie, qualifiant la crise actuelle de «provocatrice et irresponsable». Le parti de gauche appelle donc à un retour au dialogue et à la coopération, tout en exprimant sa solidarité avec le peuple algérien. À ce titre, Jean-Luc Mélenchon et les membres de LFI insistent sur l’importance de préserver les liens historiques, culturels et humains entre les deux pays. En effet, des millions de personnes, en France comme en Algérie, sont directement concernées par ces relations. Que ce soit à travers la diaspora algérienne en France, les échanges économiques ou les collaborations universitaires et scientifiques, les deux pays ont tout à gagner à renouer le dialogue. La crise actuelle entre la France et l’Algérie n’est pas née d’un simple hasard de calendrier. Elle obéit à des circonstances géopolitiques et puise son terreau d’une chronologie d’évènements et d’incidents qui ont émaillé la scène politique française, non sans exacerber d’ailleurs son partenaire l’Algérie qui a longtemps privilégié la retenue sauf que cette fois, le tollé a été outrageusement et démesurément franchi du côté français. Parmi ces événements, on retrouve évidemment l’affaire de l’influenceur «Doualem», dont l’expulsion «ratée» a été perçue comme une humiliation par Paris, suivie des déclarations provocatrices, «abjectes et irresponsables» de certains membres du gouvernement français, notamment Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur. À ce propos, le groupe parlementaire de LFI souligne que «le différend entre la France et l’Algérie, au sujet de l’expulsion de l’influenceur algérien Doualem, ne doit pas se régler autrement que par l’application du Droit». De plus, la détention de l’écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, a suscité de vives réactions. De même, le président français, Emmanuel Macron, a accusé l’Algérie de «déshonneur», en arrêtant l’écrivain, sans occulter le différend profond sur le Sahara occidental. Une question soulevée par le parti, saluant la position de l’Algérie qui «a toujours défendu le droit des peuples à l’autodétermination et une valeur que nous partageons pleinement», selon lui. Dans son communiqué, La France Insoumise ne cache pas son désaccord avec la politique étrangère du gouvernement français. Le parti la critique sévèrement et qualifie la démarche du camp présidentiel de «provocations inutiles» et d’«arrogance». Reprenant les termes du texte, LFI affirme: «La France doit cesser de jouer un rôle de donneur de leçons et reconnaître que l’Algérie est un partenaire égal, souverain et respecté». Le communiqué de La France Insoumise revient également sur l’accord franco-algérien de 1968. Un texte historique qui régit les conditions de circulation et d’installation entre les deux pays. Le groupe parlementaire dénonce les récentes attaques contre cet accord, notamment celles d’Éric Ciotti et Gabriel Attal, soulignant qu’il «a déjà été complètement vidé de sa substance depuis cette époque». En outre, LFI-NUPES affirme que ces critiques «ne servent qu’à alimenter des fantasmes irresponsables et blessants pour nos deux peuples». Le parti rappelle que cet accord, bien que largement amendé au fil des décennies, reste un symbole des liens complexes et profonds qui unissent la France et l’Algérie. La France Insoumise appelle à préserver ces liens dans le respect mutuel et la coopération. Enfin, le parti de Jean-Luc Mélenchon clôture le communiqué par une question poignante: «La guerre est finie depuis soixante-deux ans. Nos peuples peuvent-ils avoir enfin le droit à une relation normale, faite de respect mutuel et de relations apaisées?».