Gazprom a cessé ses livraisons de gaz via l’Ukraine le 1er janvier 2025, Kiev ayant refusé de renouveler l’accord de transit pour éviter de financer l’effort de guerre russe (La Libre Belgique). Cette interruption qui représentait 5 % des importations européennes de gaz en 2024 selon Bruegel, a contribué à une hausse des prix, atteignant 50 euros/MWh sur le Dutch TTF. Les stocks européens de gaz, déjà réduits à environ 75%, continuent de se vider rapidement. Arne Lohmann Rasmussen, analyste en chef chez Global Risk Management, souligne que «le réapprovisionnement des stocks pourrait s'avérer coûteux et l'UE risque d'entrer dans l'hiver avec de faibles niveaux de stockage». Dans ce contexte, «un hiver plus froid que prévu où de nouveaux retards dans les projets de GNL» pourraient à court terme mener à des prix autour des 60 euros par mégawattheure, avance Daniela Sabin Hathorn, analyste de Capital.com. Le cours subit aussi la pression d’une prime de risque liée à l’escalade de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, notamment depuis la décision de Joe Biden d’autoriser Kiev à utiliser des missiles américains ATACMS, d’une portée de 300 km, sur le sol russe. À plus long terme, la présidence de Donald Trump aux États-Unis devrait «accélérer l’expansion des infrastructures américaines de GNL» et «renforcer l’offre mondiale», expliquent les analystes de Rystad Energy. «Cela va encore resserrer le marché du GNL», a déclaré à Bloomberg Scott Darling, Directeur général de Haitong International Securities. «L’offre, en particulier pour le GNL, est limitée et nous prévoyons un risque de hausse de ses prix cette année et l’année prochaine». En prévision de la réduction de l’offre, les prix du gaz naturel ont bondi. Le prix de référence du gaz européen terminant l’année en hausse de plus de 50%, selon Bloomberg. Soulignant que la croissance ne s’était pas encore reflétée dans le coût du GNL, normalement plus cher. Robert Fico, Premier ministre slovaque, a alerté sur un « impact drastique sur nous tous dans l’UE», étant donné que des pays comme la Slovaquie et la Hongrie, fortement dépendants du transit ukrainien, subissent un choc énergétique significatif. La Commission européenne a déclaré que l'Europe s'était préparée à ce changement et que la plupart des États seraient en mesure de se passer des approvisionnements en gaz russe. La Commission européenne explore des alternatives, notamment l’utilisation de la route trans-balkanique pour acheminer du gaz grec, turc et roumain. Bien que l'UE ne soit pas confrontée à une crise énergétique immédiate, la hausse des prix de l'énergie pourrait affecter la compétitivité de la région et alourdir les coûts pour les ménages. La dépendance accrue au gaz naturel liquéfié (GNL) pourrait également amplifier la volatilité des marchés.