Les Syriens entre la sincérité des uns et les mensonges des autres

Après la chute d'Al Assad, le fils, la Syrie veut tourner la page. Une page pas comme les autres. Celle-ci est plus compliquée, difficile à tourner au vu des immenses interférences internes et externes. Le nouveau leader, considéré comme le héros de cette révolution, pour le moins curieuse, Ahmed Al-Charaa alias Abou Mohammed Al-Joulani, traîne déjà quelques casseroles depuis sa précédente vie islamiste et terroriste. Ensuite, les nombreux groupes rebelles ayant participé à la chute du régime dont Hayat Tahrir Al-Cham, veulent participer au pouvoir notamment dans leurs régions respectives. Enfin, l'Occident veut se mêler à l'équation, en avançant prudemment ses pions et en tentant de contrôler les nouvelles forces en Syrie. Il est clair que la situation ne prête à aucun optimisme et les dés semblent pipés dès le départ. La cartographie politique syrienne ne ressemble à aucune autre dans la région. Elle est plus compliquée que celle de l'Irak ou encore du Liban. La chute rapide du régime d'Al Assad laisse de nombreuses questions sans réponse, de même que cet intérêt soudain de l'Occident qui n'a rien d'innocent et risque même de renverser dangereusement les données d'une paix durable comme le souhaitent les Syriens. Les opérations de séduction, menées par les Etats Unis, l'Allemagne, la Grande Bretagne ou encore la France, sonnent comme une tentative de hold-up de ce nouveau printemps arabe qui souffle sur la Syrie. Faut-il souligner, d'un autre côté, le rôle joué par la Turquie qui, en aucun cas, ne veut être éloignée du jeu. Bien au contraire, la Turquie pèse de tout son poids et garde toujours un œil sur la région kurde de la Syrie. L'enjeu est énorme, l'enjeu est fragile et délicat. Pour les Syriens, ayant passé toute une vie dans la misère et la répression, il serait hasardeux de prêter l'oreille à ces chants de sirènes. Comme il serait dangereux de donner carte blanche à celui qui, il y a à peine quelques années, avait prêté allégeance à Al Qaïda. Mais la réalité est là avec toutes ses contradictions et ses incertitudes. Seul le temps permettra de voir clair et de faire la part entre la sincérité des uns et les mensonges des autres.


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