Les rebelles annoncent la fin du règne de Bachar Al-Assad. L'énigmatique chute de Damas

Chute de Damas, «appropriation» de la télévision publique, fuite de Bachar Al Assad à l’étranger, destitution et destruction de slogans du régime Al Assad … autant de «chamboulements» nés non sans surprise sur la scène syrienne, ces derniers jours, pour décrire que tout ne va pas mieux dans la région du Moyen-orient depuis le début de la guerre déclarée par Israël contre le Hamas et Ghaza le 7 octobre 2023. Aussi surprenants qu’énigmatiques, les évènements se bousculent tel un retournement d’ascenseur, ce qui augure que les lendemains risquent d’être encore une fois plus inattendus, intenses en renseignements et bouleversements dans la région. S‘agit- il de la fin du règne d’Al Assad? Propagande orchestrée par certains pays de l’occident pro Israël ou un simple hasard de calendrier? Les médias arabes et étrangers n’en reviennent pas. Il s’agirait bel et bien de la prise d’assaut par des rebelles, menés par des islamistes radicaux, de plusieurs villes et localités recluses de la Syrie comme Hams, malgré les assurances des plus haut gradés de Djeich syrien du régime Al Assad qui ont démenti l’information sur la chute de Damas et du pouvoir incarné par le fils de Hafez Al Assad, soulignant que l’armée syrienne a préféré se cantonner derrière, afin d’éviter des risques d’effusion de sang et d’affrontements parmi la population. Les observateurs retiennent qu’un grand nombre de ces rebelles appartenait à la sinistre branche d’Al Qaïda. Ce qui semble pourtant ambigu, est que ces derniers aient annoncé, à la télévision publique syrienne, la chute surprenante et inattendue du président Bachar al-Assad et la "libération" de la capitale Damas, après une offensive fulgurante qui a mis fin à plus de cinq décennies de règne de la famille Assad. Alors que d’un côté, des généraux du régime syrien affichaient dernièrement des déclarations de démenti sur la même chaîne publique. S’agit-il d’une guerre propagandiste? Des images sur plusieurs chaînes de télés arabes, dont Al Djazeera et Al Hadath, montraient en tous cas des scènes filmées de dizaines de personnes, au centre de Damas, en train de célébrer la chute du régime. Ils ont renversé et piétiné une statue du père du président Bachar al-Assad, Hafez, qui a dirigé la Syrie depuis 1971 jusqu’à sa mort en 2000. Sur la place des Omeyyades, le bruit des tirs d’armes à feu, en signe de joie, se mêle aux cris d’«Allahou Akbar, Allahou Akbar ». "On attendait ce jour depuis longtemps", a déclaré Amer Batha. "Je n’arrive pas à croire que je suis en train de vivre cet instant", lâche ce Syrien qui fond en larmes: "C’est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie". À la télévision publique, les rebelles ont annoncé la chute de Bachar al-Assad et la "libération" de Damas. Dans leur communiqué, ils ont dit avoir libéré tous les prisonniers "injustement détenus" et appelé à sauvegarder les biens de l’État syrien "libre". Ils avaient annoncé plus tôt, sur l’application Telegram, "la fuite" de Bachar al-Assad et proclamé "la ville de Damas: libre". Assad a-t-il vraiment quitté la Syrie? "Assad a quitté la Syrie via l’aéroport international de Damas avant que les membres des forces armées et de sécurité ne quittent" le site, a indiqué le directeur de l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Depuis le début de leur offensive, le 27 novembre dans le nord-ouest de la Syrie, les rebelles ont rapidement conquis plusieurs grandes villes importantes, devant l’effondrement mystérieux des forces gouvernementales. Ils ont lancé un appel "pour rentrer en Syrie libre" aux Syriens déplacés à l’étranger par le conflit qui a fait, depuis 2011, un demi million de morts et a morcelé le pays en zones d’influence, avec des belligérants soutenus par différentes puissances étrangères. Dans une vidéo publiée sur son compte Facebook, le Premier ministre syrien, Mohamed alJalali, s’est dit prêt à coopérer avec tout nouveau "leadership" choisi par le peuple, précisant qu’il serait, dimanche matin dans ses bureaux, au siège du gouvernement, pour toute procédure de "passation" de pouvoir. Le chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Abou Mohammad al-Jolani, à la tête d’une coalition de rebelles soutenus par la Turquie, a appelé ses combattants à ne pas s’approcher des institutions publiques, ajoutant que celles-ci restaient sous contrôle du Premier ministre jusqu’à la "passation officielle".

La coalition de groupes rebelles menée par HTS, un groupe issu de l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, a effectué en une dizaine de jours une avancée particulièrement spectaculaire, capturant les grandes villes d’Alep et Hama avant d’annoncer dans la nuit de samedi à dimanche avoir pris le contrôle de Homs, la troisième ville du pays, et être entrée dans la capitale Damas. Elle a notamment profité du retrait de plusieurs régions des forces gouvernementales face à l’offensive qu’elle a lancée à la surprise générale le 27 novembre, à partir de la province d’Idleb, son fief dans le nord-ouest de la Syrie, malgré des raids aériens menés avec l’allié du régime, la Russie, et des opérations au sol contre les secteurs insurgés.
Au sud de la capitale, près de la frontière jordanienne, les troupes gouvernementales ont également perdu le contrôle de la ville de Deraa, berceau du soulèvement de 2011, au profit des forces locales, selon l’OSDH. Cette chute reste néanmoins énigmatique et beaucoup de questions restent sans réponses. La Syrie a-t-elle réellement mis fin à sa crise? L'avenir nous le dira.


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