La Journée internationale des personnes handicapées a été célébrée, hier, à travers plusieurs régions de la wilaya de Béjaia, par de multiples activités éducatives, festives, et de sensibilisation et la distribution de matériel adapté à cette catégorie de personnes. La wilaya de Béjaia compte plus de 28.000 handicapés, toutes formes confondues dont près de 15.000 perçoit une aide mensuelle de 12.000 dinars. La commémoration de la Journée internationale des personnes handicapées reste aussi une occasion propice pour mettre sous les feux de la rampe cette frange de société qui vit, force est de constater, dans la précarité au quotidien. La date du 3 décembre est une occasion qui interpelle pour prendre conscience de la situation de cette frange de société qui souffre et que le destin a condamné à vivre, privée de l'une des fonctions sensorielles, visuelles, mentales ou de mouvement dont jouissent les personnes valides. Ces dernières sont-elles à l’abri d’un handicap? C’est la question qu’il faut justement poser, du moment que personne ne peut être à l’abri. Il faut dire que l’État algérien mise sur une politique sociale forte, soucieux entre autres de la protection des enfants et adolescents handicapés et les plus vulnérables, en ratifiant la Convention relative aux Droits de l’Enfant et la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées.
«La situation et la perception des personnes handicapées évoluent en Algérie, mais leur insertion au sein de la société reste insuffisante», constatent plusieurs associations qui travaillent dans le domaine de l’handicap. Nos différents interlocuteurs associatifs estiment, en outre, que «si la perception du handicap évolue, l’insertion des personnes handicapées dans la société civile et l’application de la législation les concernant restent encore insuffisantes». L’Algérie compte environ 03 millions de personnes handicapées, soit 10% de sa population, mais la réalité est bien entendu autre, nombreux étant les personnes handicapées qui ne sont pas inscrites auprès des institutions officielles de l’État. «On profite justement de cette commémoration puisque les handicapés sombrent dans l’oubli et la précarité juste après», nous dira un président d’une Association que nous avons rencontré qui réfute les chiffres avancés qui représentent ceux, seulement, recensés par les Directions de l’action sociale (DAS) des wilayas. «Il y a bel et bien beaucoup d’handicapés qui ne sont pas recensés à ce jour», nous dirons certains responsables associatifs, en assurant que les services de l’État ne prennent en considération que «les handicapés qui ont bénéficié de la modique allocation, alors que beaucoup d’autres ne sont pas recensés et vivent dans l’oubli le plus total». Se fiant toujours aux chiffres officiels, 75% des handicapés bénéficient de la couverture sociale directe ou par tierce personne, ce qui est qualifié aussi «d’insuffisant pour les handicapés», une tranche de société qui attend «une meilleure prise en charge», relèvent encore les représentants du mouvement associatif. «Peut-on vivre avec une allocation de 12.000 DA», C’est une question qui revient comme leitmotiv chez les personnes handicapées que nous avons interrogées et qui ne cessent d’appeler à une meilleure prise en charge.
Les personnes handicapées sont confrontées à une discrimination directe ou indirecte dans tous les secteurs de leur vie quotidienne. «Nous rencontrons d'énormes obstacles qui nous empêchent d'exercer nos droits et libertés et de participer pleinement aux activités de la société», nous fait-on savoir aussi. Les personnes handicapées sont confrontées à une discrimination directe ou indirecte dans tous les secteurs de leur vie quotidienne dont les lieux publics qui restent presque totalement inaccessibles aux personnes souffrant d'un handicap physique. «Les lieux publics sont totalement inaccessibles aux personnes souffrant d'un handicap physique et ce, en dépit du fait que l'accès soit parfois garanti par la loi», affirme un myopathe, condamné sur un fauteuil roulant électrique. L'accès aux immeubles, restaurants, cafés et autres d'installations quotidiennes dont bénéficient les personnes valides, est impossible pour les personnes handicapées d'une façon ou d'une autre. Dans le quotidien, les personnes à vision réduite n’ont pas droit aux textes imprimés dans un format qui leur soit accessible (braille ou bande magnétique), aux sourds d'utiliser leur langue habituelle (langage des signes) et les handicapés mentaux sont souvent exclus des lieux publics et ne trouvent pas de refuge dans des établissements spécialisés. «La loi pour faciliter l’accessibilité existe mais en vain», se désole un membre d’une Association des handicapés moteurs de Béjaia, en relevant au passage «les difficultés liées à l'accès à l'information pour les personnes handicapées». «Il est temps d’inclure, dans les textes, des clauses en faveur des personnes handicapées», soutiennent encore nos différents interlocuteurs qui souhaitent que le législateur se penche sur leurs cas pour consacrer «le principe de non-discrimination pour cause de handicap dans les textes». Pour ce qui est des infrastructures d’accueil spécialisées, la couverture reste «insuffisante», jugent encore les responsables associatifs, en relevant le nombre important d’handicapés qui «attendent toujours une place pour la formation et les facilités d’accès dans les établissements spécialisés», au moment où ils sont exclus du système scolaire. «La situation et la perception des personnes en situation de handicap évoluent en Algérie, mais leur insertion au sein de la société reste insuffisante. La législation les protégeant est relativement avancée mais l’application de ces textes sur le terrain reste à consolider», c’est aussi ce qui est constaté par beaucoup d’associations qui travaillent en faveur de cette frange de société.
En dépit des efforts de l’État pour la prise en charge de cette frange de société, les handicapés dits lourds sont toujours en attente d’un geste fort en leur faveur, notamment en ce qui concerne l’ouverture de centres spécialisés pour adultes, des infrastructures très demandées par cette frange de société qui aspire à une meilleure insertion.