Administration à Mostaganem. Répondre au courrier des citoyens, une pratique ambiguë

A l’ère de la promotion des droits civils dans la nouvelle Algérie, les rapports entre administration et administrés restent une énigme indéchiffrable. Aujourd’hui, à l’occasion d’une requête quelconque d’un citoyen, l’administration lui exige d’écrire et le citoyen écrit à l’administration dans l’espoir d’avoir une réponse. Cependant, la réponse aux courriers des citoyens semble être devenue une pratique désobligeante de certaines administrations. Une pratique oubliée, même si la réponse à un courrier adressé à l’administration reste toujours un ancrage de la loi à l’échelle universelle. Chez nous, c’est improbable car la lecture du courrier reste aussi incertaine. En effet, la relation entre l’administrateur et l’administré est que l’administrateur est dûment placé pour gérer les affaires des administrés. Une fois ce rapport assimilé, il nous reste à percevoir la réalité de celui-ci dans le quotidien des citoyens. Ces derniers écrivent toujours et souvent car ils croient que c’est la règle usitée pour informer le responsable d’un problème donné. Par pure méfiance, ils postent leurs courriers par voie recommandée. Attendre la réponse les met dans une situation de désespoir. Ils désespèrent car en général la réponse n’arrive guère. Cette situation a poussé les pouvoirs centraux à instaurer une médiation au niveau de chaque wilaya. Mais le problème, c’est qu’à Mostaganem on a oublié les bonnes pratiques comme celle de répondre au courrier des citoyens. Ne pas répondre, est devenu une pratique courante dans la quasi totalité des administrations. Ne pas lire le courrier est tout une autre affaire qui relève du désintéressement des responsables aux préoccupations des citoyens. Pourtant, la loi stipule bien que la réponse est un droit, mais faut-il aussi l’appliquer. Voulant éviter la lenteur de la poste, le citoyen tente d’acheminer sa requête directement à l’organisme concerné. Les secrétariats dûment instruits refusent de facto la réception du courrier. On lui dira: «Il faut poster votre lettre monsieur». S’il s’agit d’un courrier provenant d’une entreprise, certains préposés de l’administration à Mostaganem refusent d’accuser réception. Ne pas accuser réception d’un courrier est un acte flagrant d’irresponsabilité. Il y a des secrétariats qui vous signifient que l’accusé de réception ne peut être exécuté qu’après la lecture du courrier par le responsable. Certaines administrations ont complètement oublié l’essence de leur existence qui est celle de servir l’administré. Lire le courrier des citoyens, l’analyser puis répondre est souvent une tâche impossible qui s’aggrave par le fait que la poste a arrêté de distribuer des lettres, celles des réponses. Dans les zones rurales, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Au vu du silence établi, tout le monde écrit à Monsieur le Wali ou souvent par méfiance, on lui envoie une copie du courrier. Dans le secteur économique, il y a des directions qui n’ont pas encore compris la conjoncture et adoptent les mêmes reflexes, des reflexes amorphes et asthéniques. Et on continue non seulement à ne jamais répondre mais surtout à refuser d’accuser réception. Le seul courrier régulier que le citoyen reçoit, ce sont les contraventions, celles envoyées par l’administration des impôts, les factures de Sonelgaz et de l’ADE, celles du téléphone qui suivent le rythme de la poste et qui arrivent après les coupures. Aujourd’hui, faut-il comprendre qu’à Mostaganem l’administration abandonne graduellement ses obligations envers le citoyen. Pour que les services de l’administration soient réhabilités, le simple citoyen ne demande que des réponses anodines, naturelles, sans aucune incidence financière, mais répondre à ses requêtes a un impact sur sa vie quotidienne. Une situation de non confiance s’instaurera peut-être entre l’administré et l’administrateur. Ici ou ailleurs, on ne peut jamais construire une société moderne ni aspirer à l’Algérie nouvelle avec des pratiques contraignantes comme celle de récuser un droit, le droit de réponse. La Constitution, les lois, les mauvais comportements, la défiance, la politique de la démocratie participative et la poste n’ont pas trouvé jusqu’à aujourd’hui les mécanismes pour servir le citoyen, néanmoins pour répondre à ses requêtes. Il est curieux que des organismes affichent une exigence, sinon une préférence, pour la requête écrite, alors que la réponse reste souvent muette.


ads