Importation de café et protection du pouvoir d’achat. Le «privé» sera-t-il écarté?

Bientôt la scène enregistrera le retour en force du monopole du secteur public en ce qui concerne notamment les importations de produits essentiels. Un signe de bon augure et longtemps espéré par les consommateurs qui se plaignent des écarts des prix entre ceux décidés par l’Etat et ceux qui sont pratiqués sur le marché. Un de ces produits de base concernés par cette mesure est le café qui commence à impacter au plus haut point, et ce, depuis quelques semaines déjà le pouvoir d’achat malgré la régularisation de ses prix. Ce produit est désormais considéré un produit stratégique. Raison qui fait qu’il doit être protégé des répercussions des fluctuations des cours à l’international mais aussi de la mainmise de certains opérateurs privés en Algérie. Pour cela, le gouvernement entend d’ores et déjà réviser sa copie en matière de la détention du monopole d’importation de ce produit. L’idée consiste à étudier la faisabilité de transférer aux institutions publiques l’exclusivité de l’importation de café suite aux turbulences manifestées sur le marché local avec son corollaire la déstabilisation des prix. C’est le seul moyen de réguler les prix du café sur ce marché essentiel. Entre les privés qui seront écartés et le public qui souffle à nouveau, l’initiative qui s’inscrit dans le cadre des directives visant à protéger le pouvoir d’achat des citoyens et à stabiliser les prix du café, risque de faire des émules chez certains privés qui se tourneront sur l’importation d’autres produits. Une pratique qui a la peau dure chez les opérateurs privés qui changent de créneau comme ils changent de veste. Le café autant que le lait, le sucre et l’huile est une denrée particulièrement sensible en Algérie. Ce qui rend sa consommation régulière toute l’année c’est l’engouement qu’il suscite chez les algériens réputés grands consommateurs du café. On estime à 18 grammes la consommation moyenne par jour de l’algérien et 4,5 kg par an ce qui place l’Algérie comme numéro un sur le continent africain et parmi les plus grands consommateurs au niveau mondial. Ce projet fait suite aux réticences des importateurs privés à adhérer aux mesures de plafonnement des prix, malgré les assurances de compensation fournies par l’État pour couvrir la différence entre le coût réel d’importation et le prix final de vente. Face à cette opposition, les autorités envisagent de confier cette mission à des institutions publiques, telles que l’Office National Interprofessionnel des Céréales, qui pourrait distribuer le café à des prix subventionnés, à l’image de ce qui est déjà fait pour des produits comme la semoule ou la farine. Cette décision viserait à garantir un approvisionnement régulier du marché en café, tout en contrecarrant les tentatives de manipulation des prix par certains acteurs privés. Les autorités ont lancé des enquêtes pour identifier les pratiques des importateurs refusant les quotas alloués et déterminer les éventuelles infractions aux engagements de fourniture. Ces investigations, en cours, examinent également les profits réalisés par les importateurs durant cette période de crise, afin d’assurer une transparence accrue et une gestion plus rigoureuse du marché. Le gouvernement pourrait priver définitivement de nouvelles allocations les importateurs ayant refusé leurs quotas, réservant ce privilège aux institutions publiques, qui assureraient la distribution aux acteurs respectant leurs obligations. En août, un décret exécutif fixe les marges bénéficiaires maximales pour les importateurs, distributeurs et détaillants, établissant également des prix plafonds pour les cafés Arabica et Robusta, respectivement à 1.250 et 1.000 dinars le kilogramme. Ce texte souligne l’engagement de l’État à renforcer les contrôles, en publiant régulièrement les prix de référence du café sur le marché mondial afin de maintenir l’équilibre des prix dans le pays.


ads