Les sites de distribution de nourriture à Ghaza plusieurs fois bombardés. Les nouveaux pièges de la mort

La guerre propre qu'Israël prétend menée à Ghaza est tout le temps démentie par les images, les témoignages et les récits des journalistes y compris étrangers. C'est plutôt une guerre sale, inhumaine et affreuse. L'armée israélienne n'a aucun sens des valeurs humaines et ne ressent aucun remord. Elle tue de sang-froid une population désarmée, démunie et affamée. L'Occident a tout fait pour cacher cette réalité mais l'évidence est telle que désormais Israël est de plus en plus isolé. Après les bombardements intenses et aveugles des sites d'habitations, des centres de refuges et des hôpitaux, ce sont désormais, les centres de distribution de l'aide alimentaire. Et les témoignages sont sans appel. À Ghaza, ces distributions d'aide pilotées par la soi-disant Fondation humanitaire de Ghaza (GHF), soutenue par Israël et les États-Unis, ont été mises en place, mais donnent lieu à des scènes meurtrières. Ce sont des scènes récurrentes depuis le retour de l'aide humanitaire à Ghaza: des centaines de civils sont systématiquement visés par des tirs de l'armée sioniste. Des soldats israéliens ont même reconnu avoir reçu l'ordre de tirer, même en l'absence de menace. Abdallah Alnajjar, habitant de Ghaza City, a tenté sa chance dans un centre de distribution humanitaire, mais il a reçu une balle dans la main. "Nous nous sommes approchés du site, mais les tirs ont commencé de très loin. Des tirs de chars, de drones et d'artillerie, raconte-t-il. Je suis resté coincé en train de saigner pendant une heure et demie". À Al-Shifa, le plus gros hôpital de la ville, ou du moins ce qui en reste, de nombreux blessés racontent la même histoire. "Celui qui arrive à ces points de distribution est considéré comme une personne disparue et celui qui en revient vivant, comme un ressuscité", raconte Hani Alhasanat, qui a reçu des éclats à la tête à cause d'un drone. Ces centres d'aide alimentaire de l'humiliation sont fortement critiqués par d'autres organisations venant en aide à la population civile. Médecins sans frontières (MSF) a même demandé son démantèlement. "Ces distributions se font toujours dans le chaos, surtout à l'arrivée des camions et nous recevons un grand nombre de blessés, victimes de tirs directs dont l'origine est souvent inconnue, mais aussi d'écrasements par les camions ou de mouvements de foule", déplore le docteur Abdelkarim Abou Ouda, médecin urgentiste à l'hôpital Al-Shifa. Selon le ministère de la Santé, 583 Palestiniens ont été tués près des centres de distribution d'aide humanitaire, depuis le début des opérations de la GHF fin mai. Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé un système "militarisé" de distribution qui "tue des gens". Pour sa part, le porte-parole de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), Adnan Abu Hasna, a affirmé dimanche que les conditions humanitaires et sanitaires à Ghaza se sont détériorées, notant que le nombre de victimes de la guerre génocidaire sioniste sur l'enclave "est le plus élevé depuis la seconde Guerre mondiale". Dans une déclaration à des médias depuis Amman, Abu Hasna a souligné que "plus de 10% de la population de la bande de Ghaza a été tuée ou blessée, soit plus d'un million de martyrs et de blessés", ajoutant qu'"un tel bilan ne s'est jamais produit dans aucun autre conflit depuis la seconde Guerre mondiale". Il a expliqué que l'occupation sioniste n'avait autorisé l'entrée que de 9.000 tonnes d'aide depuis le 19 mai, ce qui est insuffisant pour répondre aux besoins du peuple palestinien dans la bande de Ghaza. Il a souligné aussi que la situation générale dans la bande de Ghaza avait atteint des niveaux post-catastrophe, compte tenu des obstacles à l'entrée de l'aide à Ghaza et des milliers de personnes ayant besoin de nourriture et de soins médicaux. L’armée sioniste a lancé dimanche un appel à évacuer pour les habitants de plusieurs quartiers du nord de la bande de Gaza, où elle dit mener des opérations "d’une force extrême" contre le mouvement islamiste palestinien Hamas. La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé dimanche la mort de 14 personnes, dont trois enfants, dans des frappes ou des tirs de l’armée israélienne à travers le petit territoire palestinien dévasté par plus de 20 mois de guerre. Au moins 14 morts et des dizaines de blessés ont été transportés vers des hôpitaux à la suite de tirs et de frappes aériennes de l’armée israélienne, a affirmé Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation de premiers secours. M. Bassal a détaillé quatre frappes aériennes menées selon lui par des drones ou avions de chasse ayant fait 13 morts : cinq au nord-est de Gaza-ville (nord), deux enfants à Gaza-ville, une femme dans une maison de Khan Younès (sud) et cinq personnes, dont un enfant et deux femmes, dans une tente abritant des déplacés vers al-Mawasi (sud). "Deux enfants de la famille Azzam sont tombés en martyrs et plusieurs personnes ont été blessées lors d’un raid israélien mené à l’aube (vers 04h00, 01h00 GMT) sur une maison […] dans le sud-est de la ville de Gaza", a précisé M. Bassal. "Nous avons entendu une énorme explosion", a dit Abdel Rahman Azzam, un proche de la famille habitant le même quartier, "les cris des enfants et des femmes ne s’arrêtaient pas. Ils ont bombardé la maison avec un missile sans aucun avertissement préalable". Un homme de 18 ans a par ailleurs été tué par des tirs israéliens alors qu’il attendait une distribution de nourriture dans le secteur d’al-Alam (sud), selon M. Bassal. Dimanche, l’armée a lancé un appel à évacuer pour les habitants de plusieurs quartiers du nord de la bande de Gaza, où elle dit mener des opérations "d’une force extrême" contre le Hamas.

Synthèse de B. L.


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