La salle des délibérations de la commune d’Akbou abrite depuis ce vendredi et ce, jusqu’au 28 décembre, un colloque consacré à l’une des figures les plus emblématiques de la poésie amazighe, Si Mohand Ou Mhand (1849-1905). Poète majeur de la tradition orale, créateur d’une œuvre d’une densité linguistique et philosophique exceptionnelle, Si Mohand Ou Mhand continue, plus d’un siècle après sa disparition, de nourrir la conscience collective et l’imaginaire culturel en Algérie et au-delà. Intitulé «Quoi de neuf, 20 ans après le centenaire de la disparition du grand poète Si Mohand Ou Mhand?», ce colloque s’inscrit dans une double temporalité symbolique. Il marque, d’une part, les vingt ans du centenaire célébré en 2006, qui avait mis en lumière la richesse linguistique, la portée philosophique et l’actualité de la pensée du poète et, d’autre part, les quarante ans de la revue académique Études et Documents Berbères, fondée en 1985 et comptant aujourd’hui 52 numéros parus. Il s’agit ainsi d’un moment de bilan scientifique, mais aussi de projection, visant à évaluer les avancées de la recherche et à ouvrir de nouvelles perspectives critiques autour de l’œuvre de ce grand créateur. Figure centrale d’une poésie longtemps transmise par l’oralité avant de trouver une seconde vie dans l’écrit, Si Mohand Ou Mhand incarne cette double existence, mémorielle et scripturaire, qui fait la singularité de son héritage. Les travaux du colloque abordent son œuvre sous des angles croisés — linguistique, poétique, anthropologique et historique — tout en interrogeant sa résonance contemporaine et son dialogue avec d’autres traditions orales et littératures de résistance. En réunissant chercheurs, écrivains, artistes et institutions, cette rencontre ambitionne de raviver le débat scientifique et culturel autour d’un héritage toujours vivant. Organisé par l’Étoile culturelle d’Akbou, ce colloque constitue un moment fort de transmission et d’appropriation collective d’un patrimoine poétique et identitaire profondément enraciné dans l’histoire et la culture amazighes. «La tenue d’un colloque universitaire de cette envergure à Akbou est pleinement légitime. Située dans une région charnière, à l’intersection du Djurdjura, de l’oued Sahel, des Bibans, de la Soummam et des Babors, la ville bénéficie d’un riche patrimoine culturel et historique qui en fait un cadre propice aux réflexions sur la langue, la littérature et l’histoire», a confié un chercheur présent à Akbou. Au-delà du cercle académique, un tel événement est également porteur d’un impact positif pour la communauté locale, en valorisant le patrimoine culturel, en favorisant les échanges et en renforçant le lien entre savoir universitaire et société. L’initiateur et principal artisan de ce colloque est le chercheur Ouahmi Ould-Braham, responsable de l’équipe-projet e-Humanities à la Maison des Sciences Numériques de l’Université Sorbonne Paris Nord, chercheur associé au CERIST d’Alger et directeur de la revue Études et Documents Berbères. Il a conçu l’ossature scientifique de cette rencontre, inscrivant son engagement dans une dynamique plus large de valorisation des patrimoines écrits et oraux. Cette démarche se reflète notamment dans le projet qu’il mène actuellement avec l’Agence thématique des sciences humaines et sociales (ATSSH, relevant de la DGRSDT) sur les manuscrits arabo-berbères de Béjaïa et de sa région, consacrés à leur description et à leur mise en valeur. À travers ce colloque, Akbou s’affirme une nouvelle fois comme un espace de mémoire, de réflexion et de dialogue, fidèle à l’esprit de Si Mohand Ou Mhand. Un poète dont la voix, née de l’oralité populaire, continue de traverser le temps, d’interpeller le présent et de rappeler la profondeur d’une civilisation millénaire qui fait la richesse et la grandeur de l’Algérie toute entière.
Bejaïa. Colloque sur l’héritage de Si Mohand Ou Mhand à Akbou
- par Hocine Smaali
- Le 26 Décembre 2025
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