Quartiers asphyxiés, intimité sacrifiée et infrastructures saturées. Quand les Tours redessinent une ville sans âme

Tours envahissantes, quartiers asphyxiés, intimité sacrifiée et infrastructures saturées. A Oran, la «bétonisation» anarchique s’étend à tous les quartiers sans exception. Derrière cette urbanisation brutale, une question centrale demeure: où sont passés les règles d’urbanisme, le droit des habitants et le rôle de la société civile face à une ville qui se construit sans vision ni concertation? Les beaux quartiers d’Oran ont été défigurés par une prolifération anarchique de tours qui privent les habitants de lumière naturelle, étouffent l’espace urbain et aggravent le quotidien. Le stationnement est devenu un casse-tête permanent tandis que les écoles, déjà sous pression, se retrouvent dangereusement surchargées. Des dizaines de tours ont été érigées sans la moindre vision d’aménagement, sans anticipation des besoins en infrastructures, ni souci d’équilibre urbain. À cela s’ajoute une atteinte flagrante à l’intimité: les balcons de ces immeubles font face aux terrasses des villas et des maisons voisines, exposant la vie privée des familles. Une situation qui a poussé de nombreux habitants à vendre leurs habitations, contraints de quitter des quartiers devenus invivables. Une question fondamentale demeure: où est passé le plan d’occupation des sols? Où sont les règles d’urbanisme censées encadrer la hauteur, la densité et la vocation des quartiers? La loi est pourtant claire. Qui autorise ces promoteurs à ériger des tours de plus de dix étages au cœur de zones résidentielles, conçues à l’origine pour des villas et de petits immeubles? Et surtout, où est le droit des habitants dans tout cela? Le droit à l’intimité, au soleil, à un cadre de vie sain et à une concertation préalable qui semble avoir été reléguée au second plan. Où est cette société civile censée défendre les droits des citoyens, alerter l’opinion et faire contrepoids face aux dérives urbanistiques? Ce phénomène ne touche pas un quartier isolé mais l’ensemble de la ville, sans exception. De Protin à Choupot, de Boulanger à Médioni, de Gambetta à Maraval, la même scène se répète: le béton avance, les espaces se ferment et la qualité de vie recule. Une «bétonisation» généralisée qui menace l’identité urbaine d’Oran, interpelle sur l’urgence d’une véritable gouvernance de la ville.


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