L’huile d’olive, pour casser les prix et suffire au marché local. Plus aucun doute, l’Algérie s’investit dans l’oléiculture. Le pays figure dans le top 10 des meilleurs producteurs d’huile d’olive dans le monde. Avec une superficie de près de 500.000 ha dédiés seulement aux oliviers, sa production peut atteindre aisément les 50.000 tonnes annuellement mais elle peut se surpasser, eu égard notamment aux superficies de culture encore abondantes et vierges en Algérie. Malgré cette production, peu de citoyens consomment de ce produit, ce qui est un vrai contraste. Pour inciter les consommateurs à utiliser davantage ce produit, les autorités sectorielles ont mijoté un plan qui consiste à multiplier la culture de l’huile d‘olive afin d’augmenter sa production et que son prix soit encore plus accessible. Le gouvernement veut en effet faire de la culture d’olives, une filière juteuse et porteuse. Pour cela, plus d’un million d’oliviers auront été plantés d’ici fin 2024. Au moment où le marché mondial vit une ébullition avec la menace de flambées de certains produits comme l’huile d’olive importée, l’Algérie veut renforcer sa résilience et son autonomie face aux turbulences multiformes qui déstabilisent le marché mondial à cause des conflits et des guerres régionales. Ce qui est certain, c’est que la production d’huile d’olive en Algérie connaît une certaine florescence et sans cesse en expansion. Evident que le pays veuille, par la même, augmenter sa production pour suffire aux besoins du marché local, pour ne plus compter sur les importations onéreuses d’huile d’olive, sachant que cette politique s’est avérée fructueuse avec la stabilisation du prix de l’huile de table, produite à partir des ENCG. Le ministère de l’Agriculture a annoncé, lors d’une conférence de presse consacrée au secteur, un programme ambitieux visant à planter un million d’oliviers d’ici fin 2024. Ce programme inédit est d’ores et déjà lancé. Pour le sous-directeur des arbres fruitiers au ministère, Redouane Messaoudi, ce projet permettra non seulement d’accroître la production nationale mais aussi d’améliorer la qualité de l’huile d’olive algérienne. L’Algérie, rappelons-le, est un acteur incontournable du marché mondial de l’olive de table. Le pays se classe au 4e rang mondial et au 7e rang mondial concernant les superficies d’oliveraies. Ainsi, les surfaces consacrées à l’olivier ont considérablement augmenté, passant de 160.000 hectares au début des années 2000, à plus de 442.900 hectares actuellement. L’objectif est d’atteindre un million d’hectares à l’horizon 2030. Cette croissance est soutenue par une politique gouvernementale ambitieuse qui accorde une importance particulière à la filière oléicole. Les aides financières accordées aux producteurs ainsi que les efforts de recherche et de développement, ont contribué à moderniser le secteur. L’Algérie dispose d’un riche patrimoine oléicole, avec plus de 48 variétés d’oliviers répertoriées. Les producteurs misent de plus en plus sur la qualité, en adoptant des pratiques culturales respectueuses de l’environnement et en investissant dans des équipements modernes. Ahmed Malha, expert agricole, a notamment plaidé pour une meilleure valorisation des sous-produits de l’olive tels que les noyaux. Ces derniers pourraient servir à la fabrication d’engrais naturels et de produits comme le savon, à l’instar de ce qui se fait déjà dans d’autres pays producteurs. Il a également préconisé de généraliser les cultures intensives d’oliviers, en exploitant notamment les oliviers sauvages présents en abondance dans les montagnes et les maquis, grâce à des techniques de greffage. Ceci dit, c’est grâce à l’expansion de ses oliveraies que l’Algérie produit aujourd’hui plus de 100 millions de litres d’huile d’olive par an, assurant ainsi son autosuffisance et ouvrant de nouvelles perspectives pour l’export. Cela sans compter l’impact sur les prix, ce qui a fait que l’huile en général est quasiment abordable et abonde sur le marché local. Cependant, des défis restent à relever, notamment en matière de transformation et de commercialisation. De son côté, Arezki Toudert a insisté sur la nécessité de moderniser les outils et les équipements utilisés pour la récolte et le stockage des olives. Selon lui, le développement de cette filière doit s’inscrire dans une perspective globale, incluant notamment l’encouragement de la production locale de bouteilles en verre conformes aux normes internationales, afin de mettre en valeur la qualité de l’huile d’olive algérienne. Pour garantir la qualité du produit final, les experts ont proposé de mettre en place un cadre réglementaire obligeant les entreprises à joindre, aux livraisons d’huile d’olive, des analyses de laboratoires réalisées par des organismes agréés. Par ailleurs, la création d’un organisme national dédié à l’oléiculture a été avancée comme une solution pour structurer la filière et accompagner les professionnels. Ces propositions témoignent de la volonté de donner un nouvel élan à la filière oléicole algérienne qui dispose d’un potentiel considérable mais reste encore sous-exploitée.
Lancement d'un programme de plantation d'un million d’oliviers. Défi pour une meilleure qualité
- par L. Hichem
- Le 13 Octobre 2024
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