Squat des trottoirs. Quand les dérives finissent par se transformer en paysage ordinaire

«La libération des trottoirs à Oran n’a été possible que grâce à l’action rapide du nouveau wali. Une démonstration éclatante de son engagement, qui contraste avec l’inertie chronique des délégations communales". Dans une ville comme Oran, où les dérives finissent par se transformer en paysage ordinaire, il aura fallu l’arrivée d’un nouveau wali pour que les trottoirs soient enfin libérés. Une scène presque incroyable : des rues où les piétons peuvent de nouveau circuler sans contourner des étals sauvages, des parasols, des barbecues improvisés, des tables posées sur le domaine public et tout ce qui, pendant des années, a remplacé le citoyen sur son propre trottoir. Mais une évidence s’impose : cette mission n’est pas celle du wali. La libération des trottoirs, le contrôle du domaine public, la lutte contre l’occupation anarchique… tout cela relève des délégations communales, qui disposent de services, de brigades et de prérogatives clairement définies par la loi. Le wali n’a fait que pallier une défaillance flagrante. Lui, dont les missions sont autrement plus stratégiques — gestion globale de la wilaya, grands projets, investissements, sécurité, coordination de l’administration — se retrouve à faire le travail basique de la commune. Et c’est là que le scandale commence. Car si le wali a pu, en quelques jours, rétablir un semblant d’ordre là où des années de laisser-faire ont tout laissé pourrir, cela signifie une seule chose : les délégations communales n’ont jamais fait leur travail. Pas une absence de moyens. Pas un problème de textes.
Pas un manque de compétences. Juste une absence totale de volonté. Depuis des années, les citoyens souffrent des trottoirs privatisés, des routes envahies, des commerces qui débordent, des parkings clandestins, de la saleté qui s’accumule faute de contrôle. Les doléances ont été envoyées, répétées, insistantes. Pourtant, les délégations communales ont choisi de détourner le regard, laissant s’installer une anarchie urbaine devenue presque culturelle. La récente intervention du wali a surtout mis en lumière une vérité dérangeante : lorsque la volonté existe, l’ordre revient immédiatement. Ce n’est donc pas un problème de difficulté, mais un problème de courage administratif. Alors une question s’impose : que font réellement les délégations communales ? Elles sont censées assurer le contrôle du domaine public, la propreté, l’organisation des marchés, la régulation des étals et le respect des règles d’occupation du trottoir. C’est leur rôle premier, leur raison d’exister. Si elles ne font même pas cela, à quoi servent-elles? Le wali n’a pas vocation à courir derrière les vendeurs informels ni à surveiller les trottoirs. Ce n’est pas sa mission.
Sa récente intervention est un rappel humiliant pour la commune, un signal clair que la population n’acceptera plus l’inertie et le laisser-aller. Oran a besoin d’une administration qui assume ses responsabilités, qui contrôle, qui intervient et qui protège l’espace public sans attendre un coup de marteau venu de la wilaya. La libération des trottoirs ne doit pas être un événement exceptionnel provoqué par un nouveau wali : c’est un droit élémentaire du citoyen, que les délégations communales ont l’obligation d’assurer quotidiennement. Aujourd’hui, l’excuse n’existe plus. L’anarchie n’est plus tolérable. Le message est simple : que chacun fasse enfin son travail.


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