Hydraulique à Sidi Bel Abbès. Une course contre la sécheresse et pour l'autonomie

La wilaya de Sidi Bel Abbès est confrontée à une équation hydrique d'une complexité croissante, exacerbée par les changements climatiques et la raréfaction des ressources conventionnelles. Le Forum de la presse, dédié à la cartographie des enjeux du secteur hydraulique, a levé le voile sur une stratégie multifacette visant à garantir l'approvisionnement en eau potable pour ses 52 communes, dont 45 sont sous la gestion de l'ADE et 7 sous celle de l'APC. La dépendance historique de la wilaya vis-à-vis des transferts inter-wilayas (Tlemcen, Mascara, El Bayad, Naâma) constitue désormais un talon d'Achille, symbolisé par l'état du barrage de Sidi Abdelli. Conçu pour une capacité de 102 millions de mètres cubes et vital pour 19 wilayas, ce réservoir se trouve aujourd'hui quasiment à sec en raison d'une pluviométrie déficitaire, imposant une réorientation drastique vers les sources alternatives. Au cœur de cette réorganisation se trouve la station de dessalement de Honaine, dans la wilaya d'Aïn Témouchent. Le quota de Sidi Bel Abbès, initialement fixé à 55 000 M3/jour, est porté à 60 000 M3/jour grâce à des travaux préventifs majeurs sur le couloir de Sidi Abdelli, qui ont nécessité une enveloppe budgétaire conséquente de 130 milliards de centimes, dédiée à la rénovation des stations de pompage, notamment celle de Sidi Daho. Ces infrastructures permettent actuellement une distribution oscillant entre un jour sur trois et un jour sur cinq dans les communes situées sur ce corridor. Parallèlement, le barrage de Bouhanifia, bien que conçu pour 40 millions de M3 et n'en contenant que 10 millions aujourd'hui, contribue à l'alimentation des villes de Sfisef et Mostefa Ben Brahim avec un apport de 2 800 M3/jour. La rénovation de ce couloir est jugée indispensable pour endiguer la déperdition et réévaluer le quota réel dévolu à la wilaya. D'autres ressources, bien qu'en tension, continuent de jouer un rôle, à l'instar du barrage de Chorfa, qui stocke 30 millions de M3 sur une capacité nominale de 70 millions et alimente plusieurs localités (Zerouala, Boudjebha El Bordj, Oued el Mebtouh, Aïn Aden). Ces communes, ainsi que Mostefa Ben Brahim, sont désignées pour bénéficier ultérieurement du projet de dessalement en cours. En revanche, le barrage de Sarno, d'une capacité de 21 millions de M3, est malheureusement asséché, obligeant les communes dépendantes (Sidi Hamadouche et Aïn El Berd) à recourir exclusivement à des forages locaux et à l'interconnexion en attendant l'achèvement des projets structurants. Un effort particulier est déployé sur le couloir de Chott El Gharbi, qui dessert Ras El Ma, Moulay Slissen et Ben Badis, où l'objectif est d'augmenter le volume d'eau injecté de 13 000 M3 à 16 000 M3 pour réinjecter le surplus de 4 000 M3 vers Ben Badis, garantissant ainsi un régime de distribution d'un jour sur trois. En agrégeant toutes les sources (transferts résiduels, dessalement partiel, forages locaux estimés à 23 000 M3/jour), la production actuelle variable s'établit autour de 110 000 M3/jour, laissant un déficit structurel de 50 000 à 60 000 M3/jour. C'est le rattachement imminent aux nouvelles stations de dessalement de Chott El Hillal (Aïn Témouchent) et de Cap Blanc, prévu pour le mois de mai prochain si l'avancement des travaux (actuellement à 50%) est respecté, qui doit combler ce manque. Ces nouvelles connexions apporteront environ 70 000 M3/jour, générant un surplus de 20 000 M3 qui sera judicieusement injecté dans les communes du nord, notamment pour pallier les déficits engendrés par l'urbanisation et les nouveaux programmes de logement (type AADL). Parallèlement à la diversification des sources, un programme ambitieux de rénovation des réseaux de distribution est en cours. Avec un taux de réalisation de 67%, ces travaux, pour un coût de 30 milliards de centimes sur l'exercice 2025, visent à minimiser la déperdition et à optimiser l'accueil des nouveaux quotas. L'amélioration de la capacité de stockage est également une priorité, illustrée par l'ajout d'un réservoir de 40 000 M3 à Sidi Lahcène, portant la capacité totale du site à 80 000 M3, et par la construction en cours de huit nouveaux réservoirs (avec huit autres programmés pour 2026) dans des localités stratégiques. Cette stratégie globale, allant de l'interconnexion à la production non conventionnelle et à la modernisation des infrastructures, témoigne de la volonté du secteur de l'hydraulique de Sidi Bel Abbès de s'affranchir de la vulnérabilité pluviométrique pour assurer une autonomie pérenne, tout en participant à des projets régionaux futurs, telle l'alimentation de la wilaya de Saïda à partir de Sidi Maârouf (Tlemcen) via le tracé traversant la wilaya.


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