Où sont-ils? Ils avaient pourtant écrit leurs lettres de noblesse. Un vieux dicton dit que «pour mieux apprendre il faut lire». Est-ce le cas aujourd’hui? Puis-je acheter d’anciens exemplaires de journaux? Ou s’en procurer? Et est-ce qu’ils ont de la valeur?
Les autochtones se remémorent que les vendeurs de journaux d’antan faisaient durant les années 50 le grand bonheur des lecteurs et des intellectuels à Oran. C’est un filon juteux qui remonte jusqu’aux racines des ancêtres parmi les oulémas et les disciples du Phikh.. Une des raisons qui poussaient les gens à lire ou à bouquiner ce sont les journaux les plus tirés à l’époque comme l’emblématique «l’Echo d’Oran» qui, à lui seul, faisait 80.000 jusqu’à 120.000 tirages par jour durant les années 60 ou encore «l’Echo du Soir» ou «Paris Match soir». Et même si ces vendeurs de journaux existaient encore aujourd’hui on les regarderait comme des extraterrestres! Après une très longue éclipse, les vendeurs à la criée de journaux ont effectué un retour quoique mitigé et silencieux pour ne pas bousculer les vendeurs à kiosques multi tabacs comme à Constantine ou Alger, à Oran on ne les a pas encore vus. Dans les années 50, leur nombre dépassait la dizaine alors qu’après l’indépendance ils se sont vite reconvertis en kiosques pour certains d’entre eux tandis que d’autres ont carrément mis la clé sous le paillasson devant la concurrence imposée par les détenteurs d’agréments dédiés à cette activité. Avant, toute personne physique pouvait exercer sans problème ce métier sauf qu’aujourd’hui cette activité ne serait plus reconnue en tant que telle et que pour l’exercer il faut au préalable détenir un local et un registre de commerce comme le stipule le règlement. L’une des raisons essentielles qui fait qu’aujourd’hui, on lit de moins en moins, est la domination des livres, presse et autres revues électroniques. Même en France on lit de moins en moins étant donné que seulement deux tiers des jeunes 15 -24 ans ont lu au moins 5 livres en 2024 selon un sondage ce qui serait presque identique alors qu’en 2025, 63 % déclarent avoir lu au moins 6 livres ce qui fait que la lecture a bel et bien reculé dans le monde. Aujourd’hui au moins 70 % de gens lisent la presse en ligne pour ne citer que cet exemple. A Oran, les vendeurs de journaux savaient s’adapter avec un environnement assez féroce pour finir de s'imposer et grignoter plusieurs dizaines de dinars par jour de quoi subvenir aux besoins de leur famille. C’était un filon juteux en raison d’une frange de plus de 50 % de jeunes et d’adultes qui aimaient lire et bouquiner.
Témoin d’un lectorat peu frileux. Vendeurs à la criée de journaux d’antan, un filon révolu
- par B. Habib
- Le 21 Novembre 2025
- 119 visites



