Beni Maouche (Béjaia). La fête de la figue n’aura pas lieu en raison d’une faible production

La traditionnelle fête de la figue, organisée annuellement à Beni Amouche, n’aura pas lieu cette année en raison de la chute drastique de la production. C’est justement ce qu’informe l’Association des figuiculteurs de la commune de Béni Maouche, dans un communiqué rendu public. «La fête de la figue de cette année ne pourra pas avoir lieu à cause de la faible production de la figue», nous dira un membre de l’Association organisatrice de cet événement. Ainsi, selon les spécialistes, «la baisse de la production de cette année est estimée à plus de 80%» ; elle a surtout été impactée par « la sécheresse et d’autres aléas climatiques». Une situation qui dure depuis plus de cinq années, déjà en sus «de la caprification qui n’a pas été faite, faute de l’indisponibilité de la figue sauvage », estiment plusieurs producteurs de figues.

La région de Beni Maouche est connue pour la production de la figue sèche et fête, chaque année, ce produit de terroir par une manifestation agricole. Sauf que pour cette année, la fête de la figue n’aura pas lieu par manque de produit. La production de la figue de cette année est jugée «catastrophique et jamais de tels évènements n’ont été enregistrés auparavant » et ce, suite à "une combinaison de facteurs, mêlant à la fois les conditions météorologiques et hygrométriques que celles en rapport, avec l’amélioration des conditions techniques de production et le savoir acquis en terme de suivi", nous explique un producteur de la figue de cette région de montagne. Les prix pratiqués, cette année, pour la figue ont dépassé les 3.000 DA le kilogramme, «compte tenu de la production très faible et de la demande accrue sur ce produit de terroir», nous fait-on aussi savoir. Pour la renaissance du figuier, les producteurs de la figue de cette région n’ont cessé d’exhorter les autorités pour mettre en œuvre un programme spécial de régénération du figuier à travers de nouvelles plantations pour remplacer les figuiers détruits par les incendies et ceux atteints par l’âge. Pour ce qui est de la commercialisation de la figue, les producteurs de cette filière ont profité de ce regroupement pour demander, encore une fois, la mise en place d’un centre de conditionnement, pour mettre fin à l’anarchie qui règne dans le marché informel où seuls les spectateurs tirent leurs épingles du jeu. Pour rappel, la figue de Beni Maouche a été labellisée au grand bonheur des producteurs de cette localité qui n’ont de cesse de revendiquer cela des années durant. Une labellisation qui rentre dans le cadre du programme d’appui à la mise en œuvre de l’accord d’Association Algérie-Union Européenne dont les experts et les chercheurs ont fait plusieurs déplacements à Beni Maouche. Ce processus de labellisation de la figue de Béni Maouche, soutenu par le ministère de l’Agriculture et financé par l’Union Européenne, a duré trois années et durant cette période, le type de commercialisation adéquat de la figue a été étudié dont le processus relatif au traitement, au conditionnement et à la distribution. L’aboutissement maintenant de ce processus donnera des ailes à la figue algérienne de pénétrer le marché mondial. Et pour ce faire, les producteurs « saluent les entreprises qui se sont adaptées pour la fabrication du carton ondulé dont le packaging, répondant aux normes internationales». Dans cette région de Beni Maouche, l’agriculture familiale renferme plusieurs filières sur lesquelles l’alimentation de la famille rurale se base et «la figuiculture contribue avec une part importante dans le système de production mais à elle seule, elle ne couvre pas tous les besoins des familles d’où la nécessité d’agir dans une double direction, ce qui a fait l’objet de ce projet d’accompagner des initiatives des femmes créatrices de revenus, en les aidant à profiter des dispositifs publics d’aide au développement», nous fait savoir un membre dirigeant de l’Association des producteurs de la figue de Béni Maouche. Une Association qui plaide également pour «l’organisation de la filière figuicole et la consolidation des liens entre les différents acteurs de la filière, par la mise en place effective de la coopérative de transformation de la figue» et l’amélioration de la fête annuelle de la figue. Cette dernière est devenue une célébration annuelle et un point de convergence des visiteurs de tous les coins du pays et même en dehors. Cette région compte plusieurs variétés de figues dont Tazendjarth et Taamriouth… etc …, et de différentes catégories (la supra, l’extra, la standard…etc). Après la labellisation de la figue de Béni Maouche, un rapprochement entre les chercheurs de l’université et les agriculteurs a été entamé pour «renforcer les liens et établir des relations d’échange sur des savoir-faire et des connaissances scientifiques». Dans ce cadre, une étude sur des normes en matière d’emballage, de conditionnement et de transport de la figue sèche de Béni Maouche a été lancée, il y a quelques mois de cela, dans le cadre d’un mémoire de fin de licence professionnelle en emballage de l’université de Béjaïa. Le figuier est une culture qui nécessite la sauvegarde et la protection, pour cela l’Association des figuiculteurs de la wilaya de Béjaia a mis en place le projet «Le figuier, pilier du système agraire: conservation / valorisation de sa biodiversité et modernisation de la filière figuicole». Ce projet ambitieux compte sur la conservation de la biodiversité du figuier, la valorisation de la figue et la modernisation de séchage. «Afin de remplacer l’ancien mode de séchage en plein air, nous avons démarré une expérience dans la région de Béni Maouche et ses environs : un séchage sous abri afin de minimiser la charge du travail, éviter les pertes en cas des orages, améliorer les conditions sanitaires (éviter la poussière, le passage d’animaux, exposition au soleil …)», nous dira un membre de l’Association à propos de ce modèle en phase de d’expérience. Enfin, l’Association se penche sérieusement sur les effets des changements climatiques sur le figuier pour sortir avec des conclusions et une feuille de route scientifique en vue de mettre la production de la figue à l’abri de ces changements qui touchent la planète. Les pertes pour les producteurs de figues sont importantes cette année et l’Association qui les représente, demande une aide de l’Etat, en sus de lancement études pour trouver des solutions au changement climatique qui affecte dangereusement la production de la figue sèche qui fait la renommée de cette région. Les producteurs de la figue de Beni Maouche appellent les pouvoirs publics à «l’intervention des pouvoirs publics pour venir au secours et sauver la culture de la figue», une culture qui agonise.


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