Dans le quartier populaire de Boulanger à Oran, un homme redonne vie aux souvenirs d’une époque où les voitures avaient une âme. Gherbi Abdesslem, président du Club des collectionneurs d’anciennes voitures d’Oran, consacre depuis plus de quarante ans sa vie à préserver ce patrimoine mécanique devenu rare. À Boulanger, ce quartier oranais chargé d’histoire, les habitants connaissent bien Gherbi Abdesslem. Ce passionné, dont le garage ressemble à un petit musée, voue depuis sa jeunesse un amour infini aux voitures anciennes. Mécanicien dans l’âme, il consacre son temps libre à restaurer, entretenir et préserver ces témoins d’une autre époque, celle où les moteurs ronronnaient avec élégance et où la route se parcourait avec fierté. Dans sa collection, une dizaine de joyaux font briller les yeux des amateurs: Traction, Chevrolet, Peugeot 404 et 403, Mercedes la 108 ou encore Chambord, ces joyaux datant des années 1954, 1956 et 1960. Chaque véhicule raconte une histoire, évoque une génération et rappelle ces années où la voiture était synonyme de liberté et de modernité. Mais Gherbi Abdesslem n’est pas qu’un simple collectionneur. Il est aussi le président du club des collectionneurs d’anciennes voitures d’Oran, une structure qui regroupe les passionnés du vieux volant, ceux qui refusent que la mémoire automobile tombe dans l’oubli. À travers ce club, il organise des rencontres, des expositions, et partage son savoir avec les jeunes qui découvrent l’art de la restauration. Sa Traction noire, parfaitement conservée, est devenue une véritable vedette. Elle a participé à plusieurs films retraçant la Révolution algérienne, apportant une authenticité rare aux scènes historiques. Une fierté pour Abdesslem, qui voit dans cette participation une manière d’allier passion et devoir. Rencontrer Gherbi Abdesslem, c’est plonger dans une époque où la mécanique était une œuvre d’art. Dans le silence de son atelier, entre le parfum de l’huile et l’éclat du chrome, il redonne vie à des voitures qui ont traversé le temps. Pour lui, la restauration n’est pas qu’un passe-temps : c’est un hommage rendu aux artisans d’hier, à l’histoire d’Oran, et à la beauté d’un patrimoine qu’il refuse de voir disparaître. À travers ses mains, le passé reprend la route. Et lorsque sa Traction noire démarre, c’est toute une génération qui renaît, celle des années 50 et 60, des cafés d’Oran et des routes bordées de souvenirs. Gherbi Abdesslem, le fils d’Oran devenu le gardien du temps, incarne à lui seul la passion, la fidélité et la nostalgie d’un monde où chaque moteur avait un cœur qui battait.
Gherbi Abdesslem, gardien du patrimoine automobile à Boulanger
- par Youcef. Chaibi
- Le 04 Novembre 2025
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