Mémoire d’Oran. Ahmed Hamada, un Oranais au service de la patrie

Dans l’ombre des grands récits de la guerre de Libération, certains noms méritent d’être ravivés dans la mémoire collective. Parmi eux, celui d’Ahmed Hamada, un fils de Kristel, modeste, courageux et profondément attaché à sa patrie. Son parcours, marqué par le sacrifice et la fidélité à la cause nationale, témoigne de l’engagement silencieux de milliers d’Oranais durant les années sombres de l’occupation. Né le 26 août 1921 à Kristel (wilaya d’Oran), Ahmed Hamada s’est très tôt engagé dans la lutte contre le colonialisme. Fidèle compagnon du moudjahid Bouhdjar Benhaddou, plus connu sous le nom de colonel Othmane, il participa activement au ravitaillement des groupes de résistance à Oran. Homme de confiance, Hamada faisait régulièrement la route vers le Maroc, sous le prétexte d’un commerce de fruits. En réalité, il en profitait pour ramener des armes et du matériel destinés aux moudjahidine. Ces voyages périlleux, il les effectuait souvent accompagné de son épouse, Djellat Zaza, dans le but de tromper la vigilance de l’armée coloniale. Cette femme, d’un courage rare, était la sœur du moudjahid Djellat Belkacem, enlevé par les troupes françaises en 1958 et jamais revu depuis. Le destin de cette famille, marqué par la douleur et la résistance, illustre à lui seul les sacrifices consentis par les foyers oranais pour la liberté du pays. L e frère d’Ahmed, Hamada Habib, tomba à son tour, abattu par l’armée coloniale en mai 1958 à Brunie (Oran), aux côtés de ses compagnons Boucetta et Gounani. Cette même nuit, le malheur frappa encore : Ahmed Hamada fut arrêté à son domicile, sis au 52 rue Marcel Saint-Germain, quartier Choupot à Oran. Après l’indépendance, il vécut discrètement à Oran, fidèle à ses principes et à la mémoire de ses compagnons de lutte. Loin de toute gloire, il garda le silence des justes, préférant la modestie à la reconnaissance publique. Ahmed Hamada s’est éteint le 29 septembre 1997 à Oran, laissant derrière lui un exemple de loyauté et de courage. Aujourd’hui encore, son nom résonne dans le cœur de ceux qui se souviennent. Ahmed Hamada fut de ces hommes qui ont donné sans rien attendre en retour, de ces bâtisseurs d’indépendance que l’histoire doit préserver de l’oubli.


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