APW de Béjaïa. Le plan de sauvegarde et d’aménagement de l’ancienne ville adopté

C’est un pas décisif vers la sauvegarde du patrimoine architectural et urbain de Béjaïa. Réunis en session ordinaire, les membres de l’Assemblée populaire de wilaya (APW) ont adopté, hier, le plan de sauvegarde et d’aménagement de l’ancienne ville, un document attendu depuis plusieurs années, qui vise à restaurer, protéger et valoriser le cœur historique de la cité. Cette approbation intervient dans le cadre du décret exécutif n°13-187 du 6 mai 2013, instituant la sauvegarde du secteur de l’ancienne ville de Béjaïa. Ce dispositif juridique fixe les règles et orientations pour la préservation du tissu urbain traditionnel, la restauration des bâtisses anciennes et la mise en valeur des monuments emblématiques qui font de Béjaïa l’un des joyaux du patrimoine algérien et méditerranéen. Lors de la séance, le bureau d’études en charge du projet a présenté un rapport détaillé sur l’état du bâti dans la vieille ville. Dans ce constat, sont classées 33 habitations et deux monuments historiques à haut risque d’effondrement. Parmi eux figurent des symboles forts de la mémoire collective, tels que Bab El Fouka — l’une des anciennes portes de la médina — et les colonnes de la place du 1er Novembre (ex-place Gueydon), vestiges d’une époque où la ville rayonnait sur tout le bassin méditerranéen. Les experts ont procédé à une classification des immeubles selon leur degré de dégradation, répartissant les constructions en trois catégories : celles nécessitant une restauration légère, celles demandant une réhabilitation structurelle, et enfin, celles dont l’état requiert une intervention urgente pour éviter tout effondrement imminent. Le plan de sauvegarde ne se limite pas à la restauration des bâtiments. Il prévoit une restructuration globale de l’espace urbain, intégrant la réhabilitation des ruelles, la rénovation des réseaux d’assainissement, la mise à niveau des infrastructures de base et la réorganisation des espaces publics. L’objectif est double : redonner vie à la médina tout en préservant son authenticité. Le projet ambitionne aussi d’ouvrir la vieille ville à des activités culturelles et touristiques, à travers la création de circuits de découverte, la mise en valeur des monuments historiques et la promotion de l’artisanat local. À terme, il s’agira de faire de la médina un pôle attractif, alliant mémoire, culture et dynamisme économique. Pour le directeur de la culture et des arts de la wilaya, ce plan représente « une avancée majeure pour la sauvegarde du patrimoine bâti et immatériel de Béjaïa ». Il a souligné que sa réussite dépendra de la mobilisation collective des institutions et de la population, insistant sur la nécessité d’impliquer les habitants, les associations et les artisans dans toutes les étapes du projet. Le wali de Béjaïa, M. Kamel Eddine Karbouche, a, de son côté, rappelé que la mise en œuvre effective du plan nécessitera une coordination étroite entre les différents secteurs concernés, notamment la culture, l’habitat, les travaux publics et le tourisme. Il a insisté sur la responsabilité partagée dans la protection du patrimoine, soulignant que chaque édifice restauré est un morceau de mémoire sauvegardé pour les générations futures. L’adoption de ce plan marque une étape historique dans la stratégie de protection du patrimoine en Algérie. À Béjaïa, ancienne capitale hammadite et haut lieu d’échanges culturels, le défi est de taille : ralentir le déclin du bâti ancien tout en réinsufflant la vie dans un tissu urbain fragilisé par le temps et l’abandon. Ce projet, désormais validé, ouvre la voie à une reconquête patrimoniale ambitieuse, porteuse d’espoir pour la ville et ses habitants. Il incarne une volonté politique claire : réconcilier Béjaïa avec son histoire et préserver son âme millénaire, pour que la médina retrouve sa place au cœur de la vie urbaine et culturelle. Enfin, il convient de rappeler que lors de la troisième session ordinaire de l’année 2025, l’Assemblée populaire de wilaya de Béjaïa a consacré aussi ses travaux à l’examen du budget primitif 2026, à la validation des aides financières destinées aux associations locales et à l’évaluation de la saison estivale et de la rentrée sociale 2025/2026. Les travaux ont également donné lieu à plusieurs présentations sectorielles — tourisme, éducation, formation professionnelle, université et ressources en eau — avant d’ouvrir un large débat entre élus et exécutif sur les priorités de développement de la wilaya.