Nouveau programme de dessalement de l'eau de mer. Garantir la sécurité hydrique à long terme

L’Algérie se lance à nouveau dans son défi de garantir la pérennité et la durabilité de la ressource hydrique potable pour les générations futures. Un pari certes laborieux mais pas impossible. Le président de la république M. Abdelmadjid Tebboune a décidé, dimanche dernier lors du Conseil des ministres, un deuxième programme de réalisation des trois nouvelles stations de dessalement d’une capacité exceptionnelle en attendant la validation de trois autres stations dans le cadre de la poursuite de la dynamique de lutte contre le stress hydrique en Algérie. Ce nouveau programme entre dans la vision du président de la république d’atteindre une couverture satisfaisante d’approvisionnement en eau potable de la population algérienne durant les années à venir. Face aux défis des changements climatiques et de la raréfaction des ressources hydriques, l’Algérie a adopté des mesures dans le sens de renforcement des capacités de dessalement pour se prémunir contre les aléas notamment atmosphériques. En effet, le deuxième programme national de dessalement de l'eau de mer, décidé par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, pour la réalisation, dans un premier temps, de trois grandes stations, participe d'une nouvelle vision prospective et intégrée traduisant la détermination de l'Etat à garantir la sécurité hydrique et le développement durable dans le pays, ont indiqué des économistes. L'analyse du communiqué de la réunion du Conseil des ministres, tenue dimanche, met en relief l’impératif d’une vision technique intégrée en matière de développement et de renforcement des capacités des ressources hydriques utiles. Une vision établie par le président de la République comme socle aux bénéfices multidimensionnels pour le lancement de ce programme ambitieux, qui vise à rehausser le niveau et la qualité des réalisations, en tenant compte de critères et d'axes éminemment importants, suivant une approche prospective rigoureuse. Les trois nouvelles stations de dessalement seront implantées à Chlef, Tlemcen et Mostaganem. Chacune produira un volume net d’eau potable dessalée de 300.000 mètres cubes par jour représentant ainsi un investissement stratégique pour l’approvisionnement en eau potable de régions côtières et de l’intérieur du pays. En effet, le dernier Conseil des ministres, présidé par le président de la République, a approuvé la localisation de trois stations de dessalement de l'eau de mer dans les trois wilayas concernées. Cette réunion a également reporté la localisation géographique des trois stations restantes aux prochaines réunions du Conseil des ministres, tout en insistant sur l'élaboration d'études scientifiques prospectives précises pour épargner à l'Etat les risques de catastrophes environnementales, ainsi que sur l'impératif de mesures immédiates pour réparer toutes les fuites d'eau. Le président de la république, rappelons-le, avait inauguré, début de l'année en cours, quatre stations de dessalement à Oran (Cap Blanc) à Boumerdes, Tipaza et El Taref pour un investissement global de 2,4 milliards de dollars alors qu’une cinquième station a été mise en service par la suite à Bejaia. Ce qui porte le nombre des stations dans le pays à 19 pour une capacité de production augmentée de 2,2 millions à 3,7 millions de mètres cubes par jour. Notons que l’Algérie a été sollicitée par ses partenaires en Afrique et arabes pour la construction dans leurs pays de ce type de stations réalisées par une compétence 100 % algérienne. Pour sa part, l’économiste Ishak Kherchi affirme que la décision de réaliser de nouvelles stations traduit une vision globale visant à assurer une répartition équitable de l'eau entre les différentes régions du pays, tout en réduisant la pression sur les ressources hydriques traditionnelles, notamment celles qui dépendent des précipitations et des eaux souterraines, et qui connaissent un recul en raison du changement climatique enregistré à l'échelle mondiale. Outre leur rôle dans le renforcement de la résilience du système hydrique national, ces projets transformeront les ressources en eau en un "levier pour la souveraineté, la stabilité future et la sécurité hydrique, et un vecteur essentiel du développement durable du pays", a estimé M. Kherchi. Il est clair que le choix de ces trois wilayas (Chlef, Mostaganem et Tlemcen) a été mûrement réfléchi et répond à des critères précis, a-t-il dit, expliquant que ces régions souffrent d'une baisse sensible des taux de précipitations annuelles, conjuguée à une demande croissante en eau due à la densité de la population et à l'expansion des activités économiques. Selon cet expert, le nouveau programme ouvrira la voie au développement d'industries connexes dans les domaines de la maintenance, des technologies environnementales et énergétiques durables, de même qu'il encouragera les start-ups et les petites et moyennes entreprises à investir dans les services liés au dessalement de l'eau de mer et à la gestion des réseaux, ce qui a vocation à créer une dynamique économique locale. L'économiste estime que l'approfondissement des études prospectives, préconisé par le président de la République, représente "une transition qualitative d'une réaction post-crise à une politique proactive et souveraine, permettant d'établir plusieurs scénarios pour maîtriser les risques futurs". Cette approche scientifique dans la planification hydrique reflète, a-t-il poursuivi, la volonté de l'Etat de mettre en place un système capable de faire face aux défis climatiques, en s'appuyant sur des outils permettant de garantir la stabilité de l'approvisionnement en eau à long terme. Pour l'économiste Abdelkader Slimani, le traitement de la problématique des fuites d'eau exige d'adopter un plan national pertinent, basé sur un véritable partenariat entre l'Algérienne des eaux (ADE) et l'administration locale, associant les start-ups pour développer des technologies modernes et intelligentes de détection précoce des fuites et de contrôle des réseaux en temps réel, afin de garantir une intervention rapide et efficace et d'éviter le gaspillage des ressources. M. Slimani a affirmé que "l'Algérie a franchi des pas très importants en matière de sécurité hydrique", soulignant l'importance d'approfondir les études prospectives, "en tant que démarche nécessaire pour identifier la nature des crises et des perturbations de la distribution de l'eau et assurer, ainsi, une planification minutieuse qui permet une distribution intelligente et équitable à travers les différentes régions". Ce nouveau programme de réalisation de six stations de dessalement de l'eau de mer intervient après la finalisation du premier programme, qui a permis de réaliser cinq grandes stations mises en service durant l'année en cours dans les wilayas d'El Tarf (Koudiet Eddraouche), de Boumerdès (Cap Djinet), de Tipasa (Fouka), d'Oran (Cap Blanc) et de Bejaïa (Tighremt-Toudja), d'une capacité de production de 300.000 m3/jour chacune, portant ainsi à 19 le nombre total de stations de dessalement en activité dans le pays. Après leur mise en service, les six nouvelles stations programmées permettront d'assurer 1,8 million de m3 supplémentaire d'eau par jour. Ainsi, plus de 60% de l'eau potable consommée en Algérie proviendra du dessalement.


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