Dr Boumediene Bensmaine, juste pour l'histoire !
Par H. Med Soltane
Et si nous rendions hommage à un grand Monsieur, le Docteur Boumediene Bensmaine, le premier algérien qui a ouvert une Clinique Médicale en Algérie à Courbet – Oran. Né le 31 Juillet 1915 à Mostaganem, dans une famille richissime et conservatrice, il sera orphelin dès l’âge de huit ans et pris en charge par son grand-père Ahmed Bensmaine, négociant et Mokadem de la Zaouiya El Bouzidiya, à la suite du décès de son père Hachemi et de sa mère en 1923.
Il sera entouré d’affection et recevra une éducation scientifique, islamique et nationaliste ; il poursuivra brillamment ses études primaires et secondaires jusqu’à l’obtention de son Baccalauréat dans les années 30. Son diplôme en poche, il partira en France pour y poursuivre ses études de Médecine. A vingt ans, il adhère à Marseille à l’Etoile Nord-Africaine, créée en 1925 par Messali Hadj (1898/1974). En 1938, il rejoindra la section locale du PPA pour en devenir le responsable. Au cours de son cursus universitaire, il fut arrêté en 1946 et incarcéré à la prison de la Santé de Paris, accusé d’avoir porté atteinte à la sûreté de l’Etat (distribution de tracts subversifs). Libéré en 1947 à la faveur d’une amnistie, il retournera à Mostaganem, ouvre un cabinet de médecine générale pour y exercer et venir essentiellement en aide aux familles nécessiteuses et démunies qu’il soignait gracieusement, tout en continuant à militer dans les rangs du mouvement nationaliste, sous la bannière du PPA/MTLD. En 1948, il est élu sur la liste MTLD du 2ème collège aux élections municipales de Mostaganem mais en raison de ses activités politiques multiformes, il sera contraint par l’administration coloniale à transférer son cabinet vers Oran. Il recevra en son domicile Ben Bella et Ait Ahmed (figures proues de la révolution) venus préparer l’attaque de la poste d’Oran. Au déclenchement de l’insurrection de Novembre, il adhéra au FLN et y rencontrera le Dr Benaouda Benzerdjeb (1921/1956) pour ouvrir la clinique ‘Echifa’ de Courbet à Oran qui servira principalement de refuge sanitaire pour les djounouds et fidaiyines, blessés et malades. En 1956, il rejoindra l’ALN/FLN au Maroc et demeurera sous les ordres du Commandant Si Abdelhafid Boussouf (1926/1982) membre de l’OS. En 1958, membre fondateur du Croissant Rouge Algérien (CRA), il en sera son SG jusqu’en 1960, année de sa désignation en qualité de chargé de mission du GPRA. Ainsi, ce diplomate de l’ALN mettra à profit ses compétences avérées pour tisser des relations avec les organisations humanitaires internationales notamment celles des pays de l’Est (Yougoslavie et Bulgarie) où seront transférés de nombreux blessés dont le Chahid du Dahra, Benyahia Belkacem. Il voyagera sous le couvert d’un passeport marocain et nouera des relations avec un général espagnol (Pastor) qui facilitera l’acheminement des armes vers les maquis. À l’indépendance, mécène qu’il était, il poursuivra avec abnégation son office et son assistance à l’endroit des démunis et des victimes notamment des essais nucléaires de Reggane. Il a contribué à l’édification de nombreuses mosquées et fut plusieurs fois membres des missions médicales aux Lieux Saints de l’Islam, outre la direction des conférences et séminaires sur la Pensée islamique, initiée par le défunt Mouloud Kassim Nait Belkacem, ancien ministre des Affaires religieuses. Il meurt précocement le 25 avril 1974 à l’âge de 59 ans, épuisé par trente-huit (38) longues années de militantisme, de lutte pour le recouvrement de l’indépendance et de l’épanouissement de son pays. Ait Ahmed dans son ouvrage " Mémoire d’un combattant " le cite comme «l’homme d’un grand courage politique».
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La démocratie participative en quête de visibilité
Par H.Med Krelifa
La Constitution algérienne (articles 11, 15 et 18) consacre le principe de la démocratie participative, en appelant les collectivités locales à associer les citoyens à la gestion des affaires publiques. «Les institutions sont au service du citoyen et reposent sur la participation de celui-ci à la gestion des affaires publiques». (Article 15 de la Constitution algérienne, 2020. Comme c’est connu, la démocratie participative est reconnue par la Constitution algérienne comme un droit au tiers, c’est-à-dire le droit pour tout citoyen, association ou collectif d’être partie prenante dans la décision publique locale. Ce droit ouvre la voie à une gouvernance plus ouverte où l’État et les collectivités locales partagent la responsabilité de l’action publique avec la société civile. A Mostaganem, ce principe reste peu connu. La participation citoyenne est souvent perçue comme une contrainte, voire parfois neutralisée par des pratiques institutionnelles alors qu’elle représente une opportunité de gouvernance moderne, efficace et transparente. Ce n’est pas une critique mais un appel au réveil aussi à l’égard des élus (es). La démocratie participative ne remet pas en cause le rôle des élus, elle le renforce. Elle est la complémentarité de la démocratie représentative. Elle permet d’associer les habitants, les associations, les jeunes et les comités de quartier aux décisions locales. Il est temps d’engager un débat local ouvert et constructif pour faire de Mostaganem un modèle de gouvernance partagée. La société civile de Mostaganem revendique l’élaboration d’une charte communale de démocratie participative qui constituerait un premier pas concret pour améliorer la concertation entre élus et citoyens, renforcer la transparence de l’action publique et stimuler la confiance dans les institutions locales. Mostaganem possède les ressources humaines, associatives et culturelles nécessaires pour réussir cette transition. Ce débat n’appartient pas à un camp mais à tous les Mostaganemois (es) qui souhaitent une commune plus proche de ses citoyens. En effet, la participation citoyenne est la clé d’une commune vivante, juste et transparente.
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Le drame des cités-dortoirs
Par Lotfi Abdelmadjid
Mostaganem, belle cité côtière, respire la mer, l’histoire et la lumière. Mais à quelques encablures de son front de mer animé, s’étendent des quartiers silencieux: les cités Houria, Radar, 05 Juillet 1962 ou Hay Essalam Salem, devenus au fil des années de véritables cités-dortoirs. Là, les immeubles se dressent sans âme, des placettes sont inexistantes, une végétalisation quasi inexistante. Ce drame urbain, discret mais profond, appelle aujourd’hui une réponse collective et humaine. Les cités-dortoirs sont nées d’un urbanisme, fonctionnel et rapide, souvent bâti vite et mal, dans l’urgence des années 70 à 90. Des blocs d’immeubles, sans cœur, sans âme sans lien. On y dort, on n’y vit pas. Les enfants jouent entre les parkings sur des jeux, pour l’enfance, vandalisés, des anciens se replient sur eux-mêmes et les familles s’éloignent les unes des autres. Ces lieux, conçus pour loger, n’ont jamais appris à respirer. Les cités de Mostaganem, telles que Houria, Radar, Kharouba, Bakhlouf, 5 Juillet ou Hai Salem, se sont imposées comme de véritables centralités urbaines: alors que le centre-ville traditionnel se vide dès la fin de journée, ces quartiers restent animés tard dans la soirée. Cette vitalité, pourtant, cache un malaise profond. Les jeunes y subissent le chômage, l’oisiveté et parfois la tentation de la délinquance ou de la drogue d’où une violence urbaine difficile à juguler. Pourtant, chaque cité dispose de structures : commissariats, stades modernes avec éclairage et tartan, salles sportives. Mais faute de stratégie locale claire, ces équipements restent sous-utilisés. Les maisons de jeunes, souvent fermées ou non fonctionnelles, ne jouent plus leur rôle. Quant aux comités de quartier, ils sont découragés et manquent de reconnaissance réelle alors qu’ils pourraient être des relais essentiels entre les habitants et les institutions. Redonner vie à ces cités, c’est redonner confiance à leurs habitants. Cela passe par une politique de proximité, une animation sociale continue et un appui sincère à l’initiative citoyenne. Pourtant, tout n’est pas perdu. À Mostaganem, l’esprit citoyen reste vif. Les habitants peuvent redevenir les bâtisseurs de leur propre cadre de vie. Les autorités locales ont un rôle décisif à jouer: soutenir les comités de quartier, offrir des micro budgets participatifs, réaménager les places et surtout, impliquer les citoyens dans chaque projet. Une cité vivante, c’est celle où le citoyen devient acteur, pas spectateur. Mostaganem gagnerait à lancer un programme pilote. “Cité Houria 2030” par exemple, pour montrer que le réveil urbain est possible. Les cités dortoirs ne demandent pas seulement des murs rénovés, mais des cœurs qui battent. Mostaganem ne peut grandir que si chaque quartier retrouve sa voix, son âme et ses couleurs. Il ne s’agit pas d’urbanisme seulement, mais de dignité, de vivre ensemble, et d’avenir. Le réveil viendra peut-être d’un geste simple, d’une rencontre, d’un rêve partagé.



