Conjoncturelle ou provoquée, la tension sur l’œuf, cette protéine tant indispensable à l’élève, dans les cantines et les universités, monte d’un cran. Ce produit avicole est la proie à un «liage des prix» qui ne dit pas son nom, selon certains. Les cantines des établissements scolaires ainsi que les restos des facs et autres campus universitaires qui demandent énormément ce produit, sonnent d’ores et déjà l’alerte. Que se passe-t-il réellement à la filière avicole locale? Encore un signe de fragilité du marché de la volaille en Algérie? Alors que les pouvoirs publics nationaux rassurent quant au maintien de la stabilité des prix des produits de large consommation dans le projet de Loi des Finances 2026, la polémique continue d’enfler sur les prix des œufs et des viandes blanches et ne cesse de faire jaser les consommateurs. Mais il faut remonter au mois d’août pour connaître la succession des surcoûts des prix de l’œuf, c’est-à-dire depuis l’annonce par des opérateurs de la possibilité d’exportation de l’excédent de la production. Aussi imprévisible et injustifiable qu’elle soit, la hausse des prix des œufs et des viandes blanches est placée dans le registre de «comportements structurels» de fin d’année pour augurer des prix encore excessifs durant l’exercice qui suit. Même si cette flambée des prix des œufs et des viandes blanches est jugée «inacceptable» aux yeux du consommateur lambda au revenu moyen, les opérateurs avicoles, eux, n’en justifient pas moins cette hausse par trois facteurs essentiels: l’accroissement de la consommation dû à la rentrée scolaire et universitaire, le recul de la production des suites de l’apparition de certaines maladies et des contraintes d’importation. Ce qui n’a pas été sans engendrer des perturbations entre l’offre et la demande. Ali Benchaïba, président de la Fédération nationale des aviculteurs, a pointé les «vraies raisons» de cette augmentation des prix des produits avicoles. Il a levé le voile sur les multiples facteurs de cette crise, lors d’un entretien avec un média arabophone «Al Khabar». L’envolée des prix, ressentie ces derniers jours par les ménages, trouve ses premières explications dans la conjoncture saisonnière. L’une des raisons principales est l’augmentation de la consommation notamment avec la rentrée scolaire et universitaire qui pousse à la hausse les besoins en œufs pour les cantines et les restaurants. A cette forte demande, s’ajoute un recul significatif de la production. Selon Benchaiba, les rapports des éleveurs font état de la propagation de maladies dans le secteur avicole, qu’ils qualifient de «répandues mondialement». Le responsable a souligné l’urgence d’un suivi et d’un accompagnement rapide des éleveurs pour maîtriser la situation. Une tendance similaire, bien que moins accentuée, est observée pour les viandes blanches. Les mêmes facteurs sont en cause: un désengagement relatif de l’élevage de volailles a mené à une baisse de la production, aggravée par la propagation des maladies. Face à une demande soutenue et une offre réduite, le prix du kilogramme de viande blanche a atteint 400 dinars. Une autre cause est venue s’ajouter à la liste dont la résolution est attendue dans les prochains jours, au risque de voir la situation s’aggraver davantage: les répercussions négatives de la décision du ministère du Commerce Extérieur d’interdire aux éleveurs et aux coopératives agricoles d’importer les intrants nécessaires à l’élevage de volailles, sous prétexte de l’absence de registre du commerce. Cette mesure a engendré une crise aiguë à travers les wilayas. Suite aux protestations des éleveurs, la Fédération est intervenue auprès de l’Union Nationale des Paysans Algériens (UNPA), sous laquelle elle est affiliée. L’UNPA a, à son tour, intercédé auprès du ministère de l’Agriculture, menant à une réunion récente entre le ministère de l’Agriculture et celui du Commerce Extérieur dont les résultats sont attendus dans les prochains jours. Ces déséquilibres récurrents reflètent, selon M.Benchaiba, un problème structurel: le manque d’accompagnement, la lenteur de la régularisation du statut des éleveurs et l’absence d’une stratégie de stockage efficace pour faire face aux pics de crise. L’avenir de la filière sera au cœur d’une rencontre prochaine entre la Fédération et le ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche, Yacine Walid. Le président de la Fédération mise sur l’ambition principale du ministre: la numérisation du secteur. Benchaiba se dit convaincu que l’atteinte de cet objectif — incluant l’identification des éleveurs, la régularisation de leur statut et la numérisation du marketing et du stockage — marquera un pas décisif pour stabiliser durablement la filière. La numérisation permettrait d’assurer une meilleure traçabilité et une régulation plus efficace pour ces produits de base essentiels au régime alimentaire algérien.
Le président de la Fédération nationale des aviculteurs dans un entretien au journal «El Khabar». De nouveau, le prix des œufs en hausse
- par B. Habib
- Le 19 Octobre 2025
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