Un nouveau souffle pour la santé mentale

Le 10 octobre, l’Algérie célébrait la Journée mondiale de la santé mentale sous le signe de la mobilisation et de la proximité. À Alger, le ministre de la Santé, Mohamed Seddik Aït Messaoudène, a réaffirmé que le renforcement de la santé mentale «n’est pas une action conjoncturelle, mais un processus national continu», appelant à une alliance entre institutions, professionnels et société civile. «La santé mentale n’est pas un sujet secondaire, c’est un droit fondamental pour chaque citoyen», a-t-il insisté, annonçant l’ouverture de 55 nouveaux centres spécialisés et le déploiement de plus de 1.200 psychiatres et pédopsychiatres à travers le pays. Cette dynamique s’inscrit dans un Plan national de promotion de la santé mentale, aligné sur les recommandations de l’OMS, et bientôt renforcé par un décret interministériel en préparation. Celui-ci vise à clarifier les règles de l’hospitalisation sous contrainte, à définir la «sectorisation» des soins psychiatriques et à garantir une meilleure coordination entre les structures hospitalières et de proximité. Pour Aït Messaoudène, il s’agit de bâtir une politique durable, articulée autour de la prévention, de la réinsertion et du respect de la dignité du patient. Sur le terrain, cette vision prend forme. À Oran, la commissaire nationale à la protection de l’enfance, Meriem Cherfi, a lancé la première caravane médicale mobile dédiée à la santé mentale des enfants, un dispositif inédit qui parcourt les zones enclavées pour dépister et accompagner les jeunes en difficulté. «La santé mentale de l’enfant est une priorité nationale», affirme-t-elle, annonçant un Plan national d’action pour l’enfance 2025–2030, qui mettra l’accent sur la prévention précoce et la protection des plus vulnérables. Mais derrière ces initiatives, la réalité demeure complexe. Dans les hôpitaux psychiatriques, les soignants décrivent une demande en constante hausse. À l’EHS «Drid Hocine», à Alger, la psychologue Houda Tchikou évoque des urgences saturées par des cas d’agitation extrême souvent liés à la toxicomanie. «Le vide, le manque de repères et l’isolement social nourrissent la souffrance psychique des jeunes», déplore-t-elle. Les praticiens appellent à moderniser le plan national et à combattre les stigmatisations persistantes. «Le malade mental n’est pas un danger, c’est un patient comme les autres», rappelle le professeur Tejjari. Entre tradition et modernité, entre l’amulette et le divan, l’Algérie semble enfin amorcer une révolution silencieuse: celle qui consiste à reconnaître, soigner et protéger la santé mentale comme un pilier essentiel du bien-être collectif.


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