Assassinat des 11 enseignantes et un enseignant à Sidi Bel-Abbès. 28 ans après le massacre d'Aïn Aden

Il y a vingt-huit ans, l’Algérie a été frappée au cœur de son projet éducatif et de son tissu social par un acte d'une barbarie inouïe. Le massacre de onze enseignantes et un enseignant à Aïn Aden, près de Sidi Bel-Abbès, reste une cicatrice indélébile de la décennie noire. Ce drame, survenu alors que ces hérauts du savoir regagnaient leur foyer après avoir accompli leur mission, incarne la violence aveugle qui a tenté de museler l’espoir et la lumière de l’éducation. Le 27 septembre 1997, il y a 28 ans exactement jour pour jour, au moment où la communauté internationale célébrait dans la joie la journée du tourisme, l’Algérie pleurait ses enfants, 12 enseignants à savoir 11 femmes et un homme dont la plupart habitaient à Sfisef, Mostefa-Benbrahim, Belarbi et Sidi-Bel-Abbès. Ce samedi, comme chaque année, la mémoire de ces martyrs du devoir a été honorée par les autorités de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, en présence du premier responsable de l'exécutif : Hadji Kamel et de la présidente du Bureau national de l'Organisation des Victimes du Terrorisme, marquant une convergence solennelle entre le devoir de l'État et le souvenir citoyen. La présence de Mme Rabha Tounsi, présidente du Bureau national de l’Organisation des Victimes du Terrorisme, aux côtés des bureaux régionaux et des familles des défunts, confère à cette commémoration une dimension de reconnaissance nationale et de cohésion. Le recueillement devant la stèle commémorative n'est pas qu'un geste de souvenir; il est une réaffirmation de la résilience algérienne. Le prêche de l'Imam a opportunément souligné le sacrifice de ces éducateurs qui ont bravé les menaces sécuritaires de l’époque. Leur engagement à enseigner, dans des conditions périlleuses, transcende la simple fonction professionnelle pour atteindre l'héroïsme. Ils symbolisent la volonté inébranlable de la nation à préserver l'école, sanctuaire du savoir et rempart contre l'obscurantisme. Mme Tounsi a justement mis en exergue le rôle pivot de l’Armée Nationale. Si la période était synonyme d'insécurité et d'impossibilité de voyager sereinement, la détermination et les sacrifices inlassables des forces de sécurité ont été le catalyseur du retour à la stabilité. Sa déclaration résonne comme un bilan: l'Algérie a surmonté l'une des périodes les plus sombres de son histoire pour vivre aujourd’hui dans une sécurité et une stabilité accrues. L'hommage rendu aux familles à l’école « Lasri Laaredj » où enseignaient les victimes, souligne l'ancrage de la tragédie dans le lieu même de leur engagement. Ces familles qui «n'ont réussi à oublier ce drame malgré les années», portent le poids d'une histoire collective, rappelant que la douleur individuelle est intimement liée à la mémoire nationale. La présidente Tounsi a rappelé l'engagement de l'Organisation à accompagner les efforts de l’État pour consolider la paix et défendre les droits des victimes. Cette collaboration institutionnelle est essentielle pour transformer le souvenir tragique en une force de construction nationale où la paix n’est pas un simple cessez-le-feu mais un processus actif de renforcement de la solidarité et de la justice mémorielle. Ce jour tragique, marqué par des pluies torrentielles, une métaphore puissante de la détresse nationale, a vu la fin de vie d'éducateurs interpelés par une «horde sanguinaire» menée par l'émir Bahri Djilali, alias Dib Djiaane. La mention de la condamnation à la peine capitale de l'auteur principal est un rappel austère de la justice humaine face à l'horreur. Vingt-huit ans après, la commémoration d'Aïn Aden est plus qu'un rite; c'est un acte politique et moral qui conforte le pacte républicain: l'Algérie n'oubliera pas ses martyrs et continuera de bâtir son avenir sur le socle de leur sacrifice. La présence de l'État aux côtés des familles témoigne de la gratitude pérenne envers ceux qui ont payé de leur vie pour le droit de la jeunesse algérienne à l'éducation.


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