Reprise du complexe de trituration des graines oléagineuses de Jijel. Ce que Sifi Ghrieb dévoile

Depuis l’arrivée du président algérien Abdelmadjid Tebboune au pouvoir, l’Algérie a opté pour la rupture systématique avec les «parentés ou paternités des grands projets» a rapatrié les fonds détournés, a récupéré des chantiers délaissés par d’anciens pseudo dirigeants d’entreprise de renom et a intronisé des changements radicaux de leur visibilité et de leur gestion. La situation héritée aura été certainement lourde pour avoir été redressée en si peu de temps avec la volonté. L’un de grands projets ayant fait jadis l’objet d’une gestion opaque et douteuse avant de retrouver sa verve et la transparence de sa gestion n’est autre que le complexe de trituration de Jijel. Il est utile de souligner que l’industrie des graines oléagineuses qui est un processus de trituration assez complexe permet de produire de l’huile végétale et des tourteaux destinés à l’alimentation est en pleine essor en Algérie avec les deux entreprises clés de Cevital à Bejaia et celui de Madar à Jijel ce qui sert à réduire un tant soit peu la dépendance vis-à-vis des importations de l’étranger et par là même économiser les devises du pays. Seulement voilà, concernant le complexe de Jijel les choses n’avaient pas tourné comme il était espéré après les dures péripéties que celui-ci avait connu du temps de l’ex clan du président déchu et de la gestion de l’ancien groupe dirigé par l’ex magnat Kouninef. L’Etat algérien a décidément tout changé concernant notamment les entreprises détenues par d’anciens barons impliqués dans les affaires de corruption et a tout repris pour sauver les investissements à caractère économico industriel pour lesquels d’ailleurs le pays a consenti des sacrifices. La reprise de gestion du complexe de trituration de Jijel est loin d’être une simple sinécure ni une formalité car elle intervient après que la justice algérienne a mis la main sur des transgressions et lacunes gravissimes qui avaient entaché la gestion de ce complexe important ainsi que sur ses grands projets confisqués dans le cadre des procès anticorruption visant les oligarques proches de l’ancien président. Ce projet, autrefois propriété du groupe Kouninef, avait été saisi par la justice puis attribué en 2021 à la holding publique Madar. Rebaptisé «Kotama Agri Food», il a été inauguré lundi 22 septembre 2025 par le Premier ministre Sifi Ghrieb, en présence des responsables locaux et des cadres du groupe. Mais derrière l’événement officiel, le Premier ministre a surtout dévoilé l’ampleur des dégâts hérités. Contrairement à une usine prête à fonctionner, Madar n’avait trouvé en 2021 qu’un chantier à peine amorcé et laissé à l’abandon. «C’est ça le pillage», a lancé Ghrieb dans son discours. Ce complexe dirigé par le holding Etat Madar devait produire une partie des besoins en huile de table estimés entre 20 et 25 % et en alimentation de bétail à environ 80 % des besoins nationaux sans oublier, bien sûr, les centaines de postes d’emplois créés. Mais voilà que le Premier ministre algérien Sifi Ghrieb dévoile les quatre vérités sur la gestion antérieure de ce méga complexe. Selon les explications fournies, l’état d’avancement réel des travaux était bien inférieur aux 40 % affichés initialement. Les gigantesques silos de stockage, entre autres, étaient tellement endommagés qu’ils ont dû être démantelés et reconstruits. Les nouveaux gestionnaires ont également découvert des études bâclées, des malfaçons dans la construction, de la corrosion sur les équipements, ainsi que des blocages administratifs. Sifi Ghrieb a révélé que le projet avait en réalité été repris avec à peine 20 % de travaux réalisés, alors que 68 à 69 % des financements avaient déjà été transférés à l’étranger par les anciens propriétaires. «Ce sont des projets qui ont saigné l’argent du peuple», a-t-il dénoncé. Le Premier ministre s’est toutefois félicité de la capacité des ingénieurs et cadres algériens à redresser la situation. Il a cité l’exemple d’un bureau d’études étranger qui réclamait 6 millions de dollars pour une mission que les équipes de l’usine ont finalement menée elles-mêmes, se contentant de leurs salaires. De même, un travail facturé 1 million de dollars par un cabinet international a été réalisé par une startup algérienne pour seulement 6 millions de dinars. «Il y a du génie algérien, il faut lui donner sa chance», a affirmé Ghrieb, reprenant la formule du président Abdelmadjid Tebboune : «Impossible n’est pas algérien». Le Premier ministre a également révélé que le projet de Jijel avait été confronté à des tentatives d’entrave, à l’intérieur du pays comme à l’étranger, ce qui n’a pas empêché sa concrétisation. En conclusion, Sifi Ghrieb a assuré que l’ensemble des projets confisqués seraient remis sur pied, conformément aux engagements du chef de l’État. «Tous seront relancés, qu’ils le veuillent ou pas. Le gouvernement y veillera jour et nuit», a-t-il affirmé, annonçant que d’autres inaugurations interviendront prochainement.


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