Cinémonde, Colisée, Vox, Ciné Lux, Alhambra: voilà quelques-unes des enseignes magiques qui résonnent encore dans notre mémoire à Mostaganem comme d’autres dans d’autres villes du pays. Le délabrement des salles de cinéma qui ont jadis fait vibrer notre ville représente bien plus qu’une simple perte matérielle: c’est un effondrement culturel, une rupture avec une époque où l’art, le partage et l’émotion collective étaient à portée de main. Ces lieux, aujourd’hui abandonnés aux rats et aux insectes, ont longtemps été des sanctuaires de rêve, des passerelles vers d’autres mondes, d’autres vies, d’autres réalités. Qu’est-il donc advenu de ce lien si précieux que nous avions avec le cinéma?? Comment a-t-on pu laisser s’effondrer ces piliers de notre patrimoine local dans un silence quasi général?? Le constat est amer: les salles tombent en ruines, les fauteuils sont éventrés, les écrans déchirés, et les projecteurs muets. Les murs qui résonnaient jadis des rires, des pleurs et des applaudissements ne sont plus que des carcasses vides, visitées uniquement par les nuisibles qui y ont élu domicile. Autrefois centres névralgiques de la vie sociale et culturelle, ces cinémas sont aujourd’hui les symboles criants de l’abandon progressif de la culture populaire dans nos villes. Ce déclin ne s’est pas fait en un jour. Il est le fruit de plusieurs années de désintérêt, de désengagement des pouvoirs publics, et parfois même d’un manque de mobilisation citoyenne. Pourtant, le cinéma n’était pas un luxe. Il était un droit, un accès à l’émotion, à la réflexion, à l’éducation et à la diversité culturelle. Il rassemblait les générations, créait du lien social, nourrissait l’imaginaire collectif. Le fait qu’il ait disparu de notre paysage urbain devrait nous alarmer, et surtout nous mobiliser.
Comment peut-on fermer les yeux devant une telle déchéance?? Comment accepter, sans réaction, qu’un pan entier de notre identité culturelle soit ainsi effacé?? Car c’est bien de cela qu’il s’agit de l’effacement. Le silence de ces salles n’est pas neutre, il traduit une forme de résignation collective face à la disparition de l’art accessible à tous. Il traduit aussi une priorisation dramatique: on investit dans le béton, les parkings, les centres commerciaux, mais plus dans les lieux de culture de proximité. Il est encore temps de se réveiller. Il est encore temps de restaurer ces lieux, de leur donner une seconde vie, de les repenser pour qu’ils redeviennent des espaces vivants. Cela demandera de la volonté politique, de la créativité, et surtout un engagement fort de la part des citoyens. Car la culture n’est pas un luxe réservé à quelques-uns; elle est un besoin vital, une respiration pour l’esprit, un ciment pour la société. Ne restons pas spectateurs du naufrage de notre patrimoine culturel. Il est de notre devoir de refuser l’indifférence, de nous lever pour dire que nous voulons encore rêver ensemble, dans l’obscurité magique d’une salle, face à un écran où tout redevient possible comme voyager partout à travers le monde sans bouger de son cocon.
Délabrement des salles de cinéma. Le septième art se meurt
- par D. Benani
- Le 24 Septembre 2025
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