Après le veto américain sur une résolution concernant Ghaza. Le message poignant de l'Algérie à l’ONU

Quel droit international peut-il réellement exister quand le système international tolère de tuer des innocents? A cette question, l’Algérie a décidé de briser le silence complice et le traitement de «deux poids-deux mesures», entourant ce qui se passe dans la bande de Ghaza, au grand détriment de la communauté internationale et des alliés d’Israël. Au lendemain du énième veto américain imposé sur une résolution onusienne condamnant le génocide sioniste et l’arrêt systématique des massacres sur les populations palestiniennes de la bande, l’Algérie qui déploie des efforts constants et permanents à l’ONU, a mis dos au mur le Conseil de sécurité et la communauté internationale devant leurs responsabilités juridique et historique sur la fin de la guerre et le recouvrement des Palestiniens de leur indépendance. En effet, face à la recrudescence aveugle et continue des massacres et des génocides de l’armée sioniste depuis plus de deux ans et demi contre la population civile de Ghaza, l’Algérie a choisi ce moment et ce tournant pour plaider à un règlement définitif pour la fin du conflit et l’acheminement urgent et rapide des aides humanitaires en faveur des réfugiés prévenant contre le risque d’un troisième échec de l’ONU après ses premiers échecs concernant les conflits de Rwanda et de Bosnie. Le conseil de sécurité de l’ONU gardera, sans doute, de cette journée de jeudi dernier, des moments forts d’émotion et d’engagement ardent de l’Algérie devant le soutien que bénéficie Israël pour la poursuite de ses génocide à Ghaza. L’Algérie a averti, jeudi, le Conseil de sécurité de l’ONU qu’il risque de répéter ses échecs passés à prévenir un génocide, après que les États-Unis aient opposé leur veto pour la sixième fois à une résolution, soutenue par 14 des 15 membres, appelant à une action urgente face au massacre dans la bande de Ghaza. L’ambassadeur algérien à l’ONU, Amar Bendjama, a cette fois haussé le ton et sans ambages, parlant ouvertement d’échecs répétés de l’ONU et de la protection que bénéficient les sionistes dans leur sale besogne. Il a ouvert la séance du Conseil, en s’excusant auprès des Palestiniens. «Pardonnez-nous, car le monde parle de droits mais vous les refuse», a-t-il dit, accusant Israël d’être protégé non par le droit international, mais par un «système international biaisé». «Israël tue chaque jour et rien ne se passe». Le monde est, dès à présent, pris pour témoin. Les contestations populaires ont pris de l’ampleur dans les capitales occidentales et même à Tel Aviv, pour la fin des massacres sionistes dans la bande et la libération des otages au moment où des Algériens et des Tunisiens ont pris la route pour Ghaza pour casser le blocus. Mais le sinistre Netanyahu préfère faire cavalier seul pour assouvir ses fins personnelles, prônant la poursuite de la guerre et la réoccupation de Ghaza pour y installer de nouvelles colonies juives. Faisant référence aux génocides du Rwanda (1994) et de Bosnie (1995), Amar Bendjama a mis en garde contre une répétition de l’histoire. «Ce Conseil a déjà failli deux fois à prévenir un génocide. Aujourd’hui, nous sommes au bord d’un troisième échec. À cet instant, il n’y a pas d’ambiguïté: chacun doit choisir d’agir pour stopper le génocide ou d’être compté parmi les complices», a-t-il lancé. L’ambassadeur pakistanais, Asim Iftikhar Ahmad, a déploré que le veto ait empêché le Conseil d’agir face à une crise humanitaire qui s’aggrave. «Le Pakistan regrette profondément que le Conseil n’ait pas pu adopter un projet de résolution présenté par les dix membres élus, visant uniquement à répondre à la crise humanitaire qui se déroule à Ghaza», a-t-il souligné. Il a rappelé que ce vote «n’était pas une simple procédure» mais une occasion d’agir face à une brutalité sans précédent et à des déplacements massifs alors que l’invasion terrestre israélienne s’intensifie. «Ce qui a empêché le Conseil d’agir, c’est l’usage du veto, une lourde responsabilité», a-t-il ajouté. L’ambassadeur russe, Vassily Nebenzia, a dénoncé la responsabilité américaine dans le blocage d’une résolution qui aurait pu arrêter le bain de sang. «Tant que Washington ne changera pas sa vision de la crise à Ghaza, le Conseil restera témoin impuissant de cette catastrophe, paralysé non par ses problèmes structurels, mais par la volonté ou plutôt l’absence de volonté, d’une seule délégation», a-t-il déclaré. L’ambassadrice de Guyane, Carolyn Rodrigues-Birkett, a rappelé que le Conseil débat de la question palestinienne depuis 1947 et a affirmé que «l’impunité conduit à la commission continue d’un génocide. Oui, un génocide. Ce mot que beaucoup ne voulaient pas utiliser et espéraient ne jamais avoir à utiliser». «Cela est confirmé cette semaine par la Commission d’enquête indépendante de l’ONU sur le territoire palestinien occupé et Israël», a-t-elle ajouté. «Déplacement. Destruction. Maladie. Mort. Voilà les fruits de l’impunité à Ghaza». L’ambassadeur chinois, Fu Cong, s’est dit «profondément déçu» par le veto américain et a dénoncé les blocages répétés du Conseil par Washington. «Combien de vies innocentes doivent encore être perdues avant qu’un cessez-le-feu soit possible à Ghaza?», a-t-il demandé. Enfin, l’ambassadrice danoise, Christina Markus Lassen, a expliqué que son vote était «un vote pour la paix, une paix qui permettra de stopper cette catastrophe humanitaire provoquée par l’homme, un vote pour un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent».


ads