Création du GPRA il y a 67 ans : Mémoire d’un tournant historique

L’Algérie célèbre demain le 67ème anniversaire de la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), proclamé le 19 septembre 1958 à Tunis par le Front de libération nationale (FLN). Cet événement constitue un jalon essentiel de la Révolution, symbolisant le passage de la lutte armée à une organisation politique et diplomatique structurée, capable de représenter la cause algérienne sur la scène internationale. Quatre ans après le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er novembre 1954, la situation militaire et politique exigeait de consolider la Révolution par une institution officielle. La guerre avait gagné en intensité : alors que les forces françaises multipliaient les opérations pour contrôler le territoire, le FLN et l’ALN menaient une guérilla efficace, nécessitant toutefois une coordination stratégique et diplomatique. Le GPRA est né de cette nécessité de centraliser et coordonner la lutte armée, mais aussi d’organiser les structures politiques et administratives en prévision d’un futur État indépendant. Ferhat Abbas, premier président du GPRA, déclarait dans son discours inaugural : «L’Algérie n’est pas française. Le GPRA s’engage à respecter les conventions internationales et les résolutions de l’ONU », mettant ainsi la France coloniale devant ses responsabilités et affirmant que le FLN disposait désormais d’une institution officielle capable de représenter la Révolution et de dialoguer avec la communauté internationale. Le GPRA reçut dès sa proclamation le soutien immédiat de plusieurs pays, dont l’Irak, la Libye, le Maroc et la Tunisie. Rapidement, d’autres États arabes, africains et asiatiques, ainsi que des pays d’Europe de l’Est, apportèrent également leur reconnaissance, renforçant la légitimité du FLN. Selon l’historien Fouad Soufi, la création du GPRA fut «un marqueur de l’histoire de la Guerre de Libération nationale, ouvrant de grandes espérances pour l’indépendance du pays». M’hamed Yazid, ministre de l’Information du GPRA, soulignait: «Désormais, avec l’existence du GPRA, la France commet une agression contre un État indépendant». Cette reconnaissance internationale a permis au GPRA de mener une diplomatie active, d’être représenté auprès des Nations unies et de bénéficier de soutiens financiers et logistiques pour la Révolution, tout en isolant la France sur le plan mondial et en renforçant la légitimité du FLN. La création du GPRA n’était pas un simple acte symbolique : elle a transformé la dynamique des négociations avec la France et renforcé la position de l’Algérie sur la scène internationale. Krim Belkacem, dirigeant historique du FLN, affirmait que le 19 septembre 1958 était «la plus importante date après celle du 1er novembre 1954, premier jalon fondateur de l’Algérie indépendante». Le GPRA a connu trois gouvernements successifs : les deux premiers dirigés par Ferhat Abbas, le troisième par Benyoucef Benkhedda. Ces équipes ont mené une diplomatie active auprès des pays arabes, africains, asiatiques et européens, préparant le terrain pour les négociations d’Évian en 1962. Fouad Soufi rappelle que la stratégie du GPRA «a bouleversé le rapport de force au détriment de la France», donnant à l’Algérie une position solide pour exiger l’indépendance sans concessions territoriales ni division du peuple. Aujourd’hui, le 67? anniversaire du GPRA est l’occasion de rappeler les sacrifices des dirigeants et militants de l’époque ainsi que l’importance de la diplomatie révolutionnaire. «Même les crises internes n’ont pas bloqué le processus. Le GPRA a ouvert une voie irréversible vers l’indépendance», souligne encore Fouad Soufi. Célébrer cette date, c’est rendre hommage à un héritage de courage, de stratégie et de détermination, et rappeler aux jeunes générations que la souveraineté de l’Algérie fut le fruit d’un combat à la fois militaire et politique.


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