En plus d'une crise politique grave et répétée et une autre économique sans précédent, la France est assaillie aussi par un mouvement social inédit. Le président français, Emmanuel Macron, est confronté à la difficile décision de trouver un cinquième Premier ministre en moins de deux ans ou de convoquer des élections anticipées. La France est plongée dans une nouvelle tourmente politique après la chute, lundi, du gouvernement minoritaire du Premier ministre, François Bayrou, qui a perdu un vote de confiance crucial au Parlement. Les députés ont voté contre lui par 364 voix contre 194, forçant le président, Emmanuel Macron, à chercher à nouveau un chef de gouvernement. François Bayrou, en fonction depuis neuf mois à peine, avait mis son avenir en jeu, en sollicitant un vote de confiance, espérant que les députés soutiendraient son plan de réduction drastique des dépenses pour maîtriser la dette vertigineuse de la France. Mais, sans surprise, la gauche et l'extrême droite ont saisi l'occasion de le faire tomber. Selon la Constitution française, un Premier ministre peut rester en fonction de manière intérimaire pour traiter les affaires courantes jusqu'à ce que son successeur soit nommé. Emmanuel Macron a maintenant deux options: nommer un nouveau Premier ministre capable de survivre dans un Parlement divisé ou dissoudre l'Assemblée nationale et appeler à des élections anticipées. Il a jusqu'à présent résisté à cette dernière option. Emmanuel Macron a promis de rester en fonction jusqu'à la fin de son mandat en 2027. Mais après la chute de plusieurs gouvernements en moins de deux ans, la France risque de s'enliser davantage dans la paralysie politique, alors que la deuxième plus grande économie d'Europe est alourdie par sa dette croissante. Dans son discours à l'Assemblée, avant le vote de lundi, François Bayrou avait averti que la France est sous "assistance respiratoire" et accro aux dépenses. La dette publique de la France s'élève désormais à 3.415 milliards d'euros, soit 114 % du PIB, le troisième taux le plus élevé de la zone euro après la Grèce et l'Italie. Le déficit a atteint 5,8 % du PIB en 2023, presque le double du plafond de 3 % de l'UE, et est prévu à 5,4 % cette année. Le plan de Bayrou visait à réduire les dépenses de 44 milliards d'euros d'ici 2026 notamment en supprimant deux jours fériés, mais cette mesure a été vivement condamnée par les forces d'opposition qui l'estiment socialement injuste.
Mouvement «Bloquons tout»
La France risque d'être paralysée ce mercredi. Les déplacements risquent d'être perturbés par des actions de blocages du mouvement "Bloquons tout". Le mouvement a appelé à une forte mobilisation, dans tout l'Hexagone, pour toute la journée. Des centaines d'actions doivent avoir lieu. Quelque "80.000 gendarmes et policiers" seront mobilisés. Les routes pourraient notamment être visées par le mouvement "Bloquons tout". Ce dernier risque de chambouler les habitudes des Français dans leur capacité à se déplacer pour cette journée de mercredi. La SNCF a déjà communiqué sur le sujet. L'entreprise ferroviaire prévoit une circulation habituelle des TGV Inoui, Ouigo et TGV pour ce mercredi 10 septembre. Néanmoins, du côté des TER, des perturbations sont attendues dans certaines régions. Pour sa part, la Direction générale de l'Aviation civile estime que des perturbations et des retards vont concerner "l'ensemble des aéroports français". Le syndicat Sud Aérien a notamment appelé à rejoindre la mobilisation, tout comme la CGT Air France. "Afin de limiter les perturbations du trafic", la DGAC "appliquera les dispositions du service minimum en soirée dans le centre en route de la navigation aérienne d'Aix-en-Provence" et dans les services de navigation aérienne de l'aéroport de Marseille-Provence. Elle a également demandé aux compagnies aériennes de réduire de 50% leur programme de vol entre 18h et minuit sur les aéroports de Nice et ceux de Corse. Le préfet de police de Paris craint donc des perturbations sur le périphérique. Dans la capitale, dans la nuit de mardi à mercredi, des militants prévoient de bloquer plusieurs portes, du côté de La Chapelle, Bagnolet, Montreuil, Italie ou encore Orléans. Ces blocages pourraient continuer au lever du jour à Paris. Dans l'ouest du pays, des militants ont prévu d'être mobilisés dès 6h du matin pour bloquer les rocades de Rennes et de Nantes. Des actions de ce genre ou des barrages filtrants sont aussi annoncés à Brest, à Vannes ou encore à Caen.
Synthèse de B. L.