Alors que l’Union européenne tente d’accélérer son désengagement du gaz russe d’ici 2027, la discrétion devient le maître-mot dans les capitales européennes. Selon une révélation exclusive de Reuters, les États membres ont demandé à maintenir confidentielles leurs stratégies nationales de sortie. L’objectif : éviter que Moscou ou les marchés ne s’emparent de ces informations pour manipuler les prix ou déstabiliser les approvisionnements, relaye Reuters. La présidence danoise de l’UE a soutenu cette proposition, invoquant les risques économiques d’une transparence totale, notamment en pleine transition énergétique. Ces plans nationaux incluent des données sensibles : alternatives envisagées, calendriers précis et volumes de substitution. Bruxelles tente de ménager les susceptibilités, car des pays comme la Hongrie et la Slovaquie restent fermement opposés à ce calendrier de sortie, arguant d’une dépendance énergétique trop forte au gaz russe. La Slovaquie menace même de bloquer le prochain paquet de sanctions européennes contre Moscou, faute de garanties suffisantes pour les États les plus vulnérables. Sur les marchés, cette tension politique se double d’une volatilité technique. Les prix des contrats à terme sur le gaz naturel évoluaient vendredi autour de 3,38 dollars, après avoir corrigé depuis un plus bas récent de 3,16 dollars. Les investisseurs tentent de défendre le seuil de soutien à 3,20 dollars, tandis qu’une résistance technique persistante subsiste à 3,60 dollars. En Europe, les prix du gaz ont également bondi à 35 €/MWh, dopés par la vague de chaleur historique qui balaie l’ouest du continent. Juin 2025 a été le mois de juin le plus chaud jamais enregistré en Europe, un facteur qui relance la demande de refroidissement et maintient la pression sur les réserves énergétiques. Pour limiter les risques de chocs estivaux, le Parlement européen a d’ailleurs assoupli les règles, offrant aux États un délai supplémentaire pour atteindre 90 % de remplissage des stocks de gaz d’ici décembre, selon TradersUnion.com. Une soupape de sécurité bienvenue, alors que les perspectives météo annoncent des pics de consommation à venir. En toile de fond, le PDG de TotalEnergies a prédit qu’à l’horizon 2028, l’Europe se sera totalement affranchie du gaz naturel liquéfié russe, grâce aux capacités grandissantes des États-Unis et du Qatar. Il a toutefois prévenu qu’un éventuel retour de Donald Trump et de ses politiques douanières agressives pourrait freiner cet équilibre mondial. En résumé, entre tensions diplomatiques, météo caniculaire et spéculations de marché, le gaz naturel reste au cœur d’une équation énergétique et politique des plus incertaines.