Pour comprendre l'âme profonde de la cité. Une mosaïque de mémoire sur la résistance Féminine
Par H. Med Soltane
Mostaganem, ville portuaire de l'ouest algérien, est bien plus qu'une simple escale méditerranéenne. Ses rues, ses marchés et ses hauteurs résonnent des échos d'un passé complexe, où les destins se sont croisés, s'entrechoquant parfois, se mêlant souvent. Au cœur de cette trame historique, le rôle des femmes, souvent relégué aux marges des récits officiels, apparaît essentiel pour comprendre l'âme profonde de la cité. Sur les trottoirs animés de la rue du Lion, près du marché central, le spectacle est intemporel : des femmes nomades tsiganes, assises à même le sol, y déchiffrent les lignes de la main. Leurs gestes ancestraux, transmis de mère en fille, ne sont pas seulement l'expression d'un savoir populaire ; ils sont le reflet d'une existence en marge, faite de privations, de nomadisme et d'une résilience face au silence social. Ces femmes, souvent installées en périphérie, notamment au quartier des "Citronniers" sur les hauteurs de Mostaganem, continuent de veiller sur leurs mulets et leurs chevaux, incarnant une présence discrète mais indissociable du paysage urbain. Elles représentent une forme de sagesse vernaculaire, une philosophie de vie ancrée dans l'oralité et la transmission non écrite, où chaque ligne de la main est une parcelle d'une histoire individuelle et collective. Héritages croisés : La Médecine Populaire à l'Époque coloniale. Cette présence féminine liée à la guérison, au sacré et au geste bienveillant ne date pas d'hier à Mostaganem. Durant la période coloniale, qui a profondément marqué la ville de 1833 à 1962, un autre type de savoir féminin s'est épanoui. Des femmes venues d'Europe, et notamment d'Espagne, se sont installées dans la cité. Beaucoup, issues de milieux modestes et souvent confrontées elles-mêmes aux défis de l'exil et de l'adaptation, ont mis en œuvre une forme de médecine populaire. Leurs pratiques étaient imprégnées des traditions méditerranéennes et des croyances populaires de leurs régions d'origine. Elles soignaient les maux quotidiens avec des herbes infusées, préparaient des décoctions pour soulager les douleurs d'estomac, appliquaient vinaigre et cataplasmes, et même, dans les quartiers démunis de médecins, réalisaient des injections rudimentaires.
Ces gestes étaient bien plus que de simples remèdes ; ils étaient accompagnés de rituels empreints de symbolisme. On pouvait voir ces femmes, souvent vêtues de noir ou de couleurs vives, jeter du sel devant les portes pour éloigner le mauvais sort, faire le signe de croix en silence, murmurer des prières, ou poser les mains là où la douleur persistait. Ces pratiques révèlent une philosophie pragmatique de la survie, où la spiritualité et la tradition se mêlaient pour combler les lacunes d'un système de santé inaccessible à beaucoup. Elles incarnaient une forme de résistance discrète face aux difficultés de l'époque, un ancrage dans l'humain et le soin face à la dureté de la vie coloniale. L'arrivée de l'indépendance en 1962 n'a pas effacé du jour au lendemain ces pratiques et ces mémoires. Au contraire, les bouleversements socio-politiques ont, d'une certaine manière, maintenu la nécessité de ces savoirs alternatifs. Si la structure de la société changeait, la persistance de la pauvreté et l'accès limité aux soins modernes dans certaines zones ont assuré la pérennité de ces formes de médecine populaire. Aujourd'hui, ces deux mondes féminins – celui des femmes nomades tsiganes et celui des anciennes guérisseuses européennes – semblent se répandre à travers le temps, tissant une toile invisible de mémoires partagées. Dans leurs gestes, leurs regards et leur manière pudique d'occuper l'espace public, persiste une mémoire féminine de la survie, de la transmission et de la dignité. Leur philosophie de vie se manifeste dans la résilience, la capacité à s'adapter et à perpétuer un héritage malgré les marges de la société. Elles incarnent une histoire populaire, celle qui ne figure pas dans les grands livres mais qui s'inscrit dans les rues, dans les souvenirs des anciens, et dans les gestes discrets que certaines femmes continuent de perpétuer, loin du bruit du monde. Ces figures féminines sont les gardiennes d'une mémoire collective, les porteuses d'une philosophie de l'existence qui valorise la débrouillardise, la solidarité et la force tranquille face à l'adversité. Mostaganem, à travers ces histoires de femmes, révèle sa profondeur historique et sa richesse culturelle, rappelant que le passé est une présence vivante qui continue de modeler l'identité de la ville et de ses habitants.
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Code de la route. Le casse-tête des trottinettes
Par Charef Kassous
A l’instar des autres agglomérations urbaines et suburbaines du pays, Mostaganem est aussi confrontée au casse-tête des trottinettes. Ce mode de transport individuel se déploie massivement sur les espaces urbains et devient omniprésent surtout en cette saison estivale. En plus de la prolifération des motocycles, aujourd’hui, on se retrouve avec des trottinettes qui roulent occasionnant de sérieux problèmes de sécurité routière. En effet, le nombre de jeunes et moins jeunes roulant avec cet engin électrique est impressionnant. Cependant, ici comme ailleurs et malgré la multiplication croissante, ces machines échappent complètement au code juridique.
Cette situation importune vient se greffer aux autres dangers pouvant être générés sur les voies publiques. Ça roule à droite et à gauche, sur les trottoirs, zappant le code de la route, à travers le flux circulatoire sans connaissance aucune du code la route. Ce type de moyen de transport a déjà des années d’existence et est bien visible sur la chaussée. Ceux qui roulent en trottinette, circulent, généralement, sans aucune protection, ce qui représente un danger surtout en nocturne. Ni casque de protection, ni feux de signalisation, ni assurance, ni connaissance du code de la route donnant des frissons aux automobilistes. Le danger reste constant si les autorités ne prennent pas des mesures pour organiser la circulation de ces engins. Même en rase campagne, sur les chemins de retour des plages, en rase campagne, on croise ces machinettes filantes. Les usagers de la route et les piétons surtout font face au quotidien à des dangers liés au comportement des conducteurs de trottinettes électriques. Certains accidents ont été signalés, mais pas que, il y a aussi ceux qui s’accrochent aux véhicules et ceux qui se donnent en spectacle surtout sur les esplanades des établissements scolaires provoquant souvent des angoisses chez les écoliers. Face à une telle situation incontrôlée, des mesures urgentes restent à mettre en place afin d’assurer la sécurité de tous ceux qui utilisent la route.
Adopter de nouveaux moyens de transport appelle à l'impératif d’instaurer une réglementation afin de protéger les usagers de la chaussée et mettre fin au désordre engendré par les trottinettes électriques. A Mostaganem et avec le nombre croissant de visiteurs, la trottinette électrique est un casse-tête auquel il faut y réfléchir.
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Vieille ville de Tigditt. Avant et après l'occupation française
Par Youcef Benguettat
(2ème Partie)
D’après les anciens indigènes de Mostaganem, tous les terrains sablonneux actuellement affectés au champ de manœuvres et au champ de tir de Tidjditt, étaient, avant l’occupation française, très boisés, de nombreuses et coquettes habitations y étaient installées et on y pratiquait en grand la culture maraichère, grâce à l’abondance des eaux d’irrigation qui provenait des sources du bois sacré et que l’on retrouve encore aujourd’hui. Mais dès leur arrivée, nos troupes s’installèrent sur ce plateau qui fut vite transformé en un vaste camp retranché où nos soldats durent restés longtemps faute de casernes pour les recevoir, et ce fut l’installation de ce camp indispensable qui nécessita la destruction de tout ce qui existait sur son emplacement. Pour compléter ce tableau de désastre, les alentours de Tidjditt n’ont pas été épargnés. La forêt qui existait a servi de bois de chauffage et à alimenter les bûchés du campement et cuisine. Cet endroit, dit Charra, qui a servi aussi bien après comme champ de tir. Ceci pour l’anecdote. Un autre événement très important s’est produit à Mostaganem à proximité de Tidjditt. Les tribus d’abord, puis l’Emir Abdelkader, ont engagé une bataille qui a duré 10 jours du 31 juillet 1833 au 9 août 1833. Nous avons dans le détail une copie de cette bataille dans ses phases chronologiques de son déroulement. (4) Histoire de Mostaganem et de Mazagran par J. Rufer. Ce qui a provoqué la délocalisation forcée de 100 familles de mazagran à Tidjditt. Cet autre fait marquant qui restera gravé dans les tablettes de l’histoire de Mostaganem. C’est le fameux traité de la Tafna signé entre l’Emir Abdelkader et Desmichels le 26 février 1834. (3) Voir Histoire de Mostaganem et de Mazagran par J. Rufer. Les français sont entrés à Mostaganem le 28 Juillet 1833. Depuis cette deuxième date, Mostaganem (Tobana), Derb el yhoud (Qaria), (Matemore) y compris Tidjditt ont été totalement transformés. A commencer par le quartier de Matemore qui a été rasé pour laisser la place aux nouvelles constructions pour les garnisons militaires. Derb el yhoud (Qaria) a été amputé de presque la totalité de sa surface pour la reconstruction de la nouvelle ville française. Tidjditt a reçu de plein fouet tout ce désordre occasionné par les expropriations et les démolitions du tissu urbain qui existait. Toute cette population arabe dont une grande partie de celle-ci s’installa juste en face de la Grande Mosquée de Tobana et le long de la Rue 7 Titelguine sur l’autre rive de l’Oued Aïn Sefra à flanc de falaise en remontant vers le haut de la falaise au-dessus de l’Oued Aïn Sefra et s’étendre vers le Nord et l’Est en s’agrandissant. Au départ de sa reconstruction suite au bombardement par le fameux caïd Ibrahim. Ce type de construction genre haouch érigé sans aucun contrôle ni suivit fait de matériaux rudimentaires formant une casbah, favorisé par l’autorité coloniale pourvu que les Arabes restent loin des quartiers huppés Français. Toutes les constructions se ressemblaient et étaient imbriquées les unes aux autres avec des ruelles étroites souvent se terminant en impasses. Il faut attendre 1849 pour voir la construction à Tidjditt de la première école Arabe Française. Jusqu’en 1857, Mostaganem ne posséda que cette école de garçons en dehors de celle des frères de la doctrine chrétienne. S’ensuivirent d’autres constructions modernes à partir des années 1900. En 1935 a débuté la construction du Cinéma Lux et inauguré en 1945.Ce qui a donné un autre visage à cette ville ainsi que d’autres constructions et infrastructures, routes, place publique, marché. Tidjditt sur le plan urbanistique doit être sauvegardée car elle représente l’âme de Mostaganem aux yeux des Mostaganémois. La date du 1er Novembre 1954 sonna le glas de l’occupation française. Cette date restera gravée à jamais dans le cœur des Algériens qui se sont sacrifiés pour ce pays. Tidjditt par la densité de sa population dans un périmètre habitable restreint a favorisé la prise de conscience allant jusqu’au sacrifice de sa vie pour libérer le pays. De grands noms de la révolution sont issus de Tidjditt devenu le cœur battant des révolutionnaires et des autres Mostaganémois plus discrets, qui habitaient les quartiers français dans lesquels tout était surveillé. Il est évident aussi de parler de Kharouba qui est un site balnéaire et a joué un grand rôle au cours de cette période sans oublier les autres habitants à travers tout le territoire de Mostaganem.