Une grosse affaire de corruption devant le juge au tribunal de Sidi M’Hamed. Chloral et les 800 milliards évaporés

Où sont les 800 milliards? La casse du siècle était bien préparée et organisée. Mais les enquêteurs algériens en ont voulu autrement. Ils viennent, en effet, de décortiquer les pièces du «puzzle» et les maillons de la filière de Chloral, une société désormais au dessous des soupçons. Le scandale «Chloral» illustre, une nouvelle fois, combien des acteurs utilisent des deniers publics, destinés en vérité à renflouer et booster l’économie, dans des projets porteurs pour assouvir leurs desseins inavoués. Cependant, il semble que tout cet argent n’aurait pas servi à financer des projets utiles, bien au contraire de tels projets ne voient jamais le jour parce que leurs fonds s’évaporent ou carrément partent à l’étranger. Il est clair que l’Etat poursuit, dans ce sillage, le «grand nettoyage» et l’assainissement du climat économique et industriel national de la «mafia» économique. Les jugements des affaires, autant que les procès en profusion depuis 2019 en Algérie, reflètent en effet l’ampleur des dégâts causés à l’économie. Une nouvelle affaire de corruption et de dilapidation vient d’éclabousser la scène médiatique nationale. Elle a un rapport avec des activités louches et frauduleuses à l’étranger et dans laquelle sont impliqués des banquiers et des cadres d’une entreprise spécialisée dans l’extraction et la commercialisation de sel. Le procès a débuté le 25 septembre 2024 au tribunal de Sidi M’Hamed. 21 accusés prévenus y sont impliqués dont des banquiers et des cadres de Chloral, une entreprise spécialisée dans l’extraction et la commercialisation du sel. Il s’agit d’une récente affaire de corruption qui met en scène l’entreprise Chloral. Un vaste réseau de détournement de fonds et de blanchiment d’argent international est ainsi démantelé et présenté devant la justice algérienne pour rendre des comptes. Selon des sources concordantes, des individus ont détourné des prêts bancaires colossaux accordés par les banques publiques algériennes pour financer des activités frauduleuses à l’étranger. Encore une fois, la question des détournements de fonds à l’étranger refait surface et met en toile la profondeur des «maux» causés à l’économie nationale.
Des banques accordent des prêts depuis plusieurs années pour financer des projets économiques censés contribuer à la relance de l’économie. Mais ces prêts bancaires, au lieu d’être exploités à bon escient, seraient dilapidés voire volatilisés vers l’étranger. Chloral qui se présentait comme un acteur majeur dans l’extraction et la transformation du sel, a réussi à obtenir des fonds dépassant les 800 milliards de centimes. Cependant, ces fonds n’ont jamais servi à concrétiser des projets en Algérie. Au cœur du scandale, des montages financiers complexes ont été révélés. Les responsables de Chloral ont constitué des sociétés fictives, à l’image de SARL GIE, sans aucune activité réelle ni matérielle dont le seul but était de gonfler les factures pour obtenir des crédits supplémentaires. La justice a découvert que ces entreprises n’avaient pas de travailleurs et ne respectaient pas les termes des accords de prêts, notamment l’obligation de réaliser 80 % des travaux avant d’accéder à la totalité des fonds. Le procès révèle que des individus ont blanchi l’argent détourné à l’étranger, notamment en Espagne, en France et au Canada, en achetant des biens immobiliers et en faisant d’autres investissements. Pire encore, une grande partie de ces fonds a été dilapidée dans des soirées fastueuses et des hôtels de luxe.
Parmi les transactions frauduleuses, un prêt de 30 milliards de centimes destiné à exporter du sel vers le Canada n’a jamais abouti. Quatorze entreprises sont également poursuivies pour leur rôle dans cette affaire de corruption. Les charges retenues contre les accusés incluent la dilapidation de fonds publics, l’obtention d’avantages illégaux et le blanchiment d’argent. Lors des audiences, le juge a posé des questions incisives aux accusés, leur demandant de justifier l’absence de résultats concrets et de détailler le parcours des fonds.


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